Le premier roman du rappeur Gaël Faye a connu un succès retentissant. Traduit en 40 langues, porté au cinéma, étudié au lycée, il est aujourd’hui adapté au théâtre. À travers les tourments du jeune Gaby, l’auteur raconte son enfance au Burundi, celle d’un métis contraint à l’exil quand éclate le génocide rwandais de 1994. Une histoire bouleversante entre toutes.
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Petit Pays publié en 2016 par le musicien franco-rwandais Gaël Faye a été couronné par de nombreux prix. Le livre a fait le tour du monde et rencontré un très fort écho auprès de toute une génération. On y suit la vie du jeune Gabriel, 10 ans, qui se trouve brutalement bouleversée à la suite du déclenchement de la guerre civile au Burundi, son petit pays, et du génocide des Tutsis dans le Rwanda voisin. Réfugié en France où il va grandir, Gaby garde la blessure de cette enfance dont on l’a exilé. Des années plus tard, Gaël Faye est revenu sur son passé à travers un récit poignant écrit dans une langue métissée, à la fois poétique et engagée. La question du métissage est un des aspects de l’œuvre qui a retenu l’attention de Frédéric R. Fisbach. Il a fait le choix d’une troupe chorale où les rôles ne sont pas strictement assignés. Où les acteurs sont « noirs, blancs, français ou étrangers car, dit-il, la couleur de peau et les accents sont les marqueurs de la France contemporaine ». Parce qu’il y a une responsabilité particulière à raconter une tragédie qui n’est pas la sienne, le metteur en scène a associé l’auteur au travail d’adaptation du texte. C’est une occasion pour le spectateur de découvrir l’histoire bouleversante de Gaby et par elle, la monstruosité de ce génocide. Pour ceux qui ont lu le roman, ce sera l’occasion d’approfondir la connaissance de cette œuvre intime et universelle.
D’après Petit Pays de Gaël Faye publié aux Éditions Grasset et Fasquelle
Conception et mise en scène Frédéric R. Fisbach
Collaboration Bernardo Montet
Avec Lorry Hardel, Marie Payen, Nelson-Rafaell Madel, Ibrahima Bah, Nawoile Saïd-Moulidi et Anaïs Gournay
Et la voix de Gaël Faye
Dramaturgie et adaptation Samuel Gallet
Scénographie Amélie Vignals
Création son Jérôme Castel
Création lumière Kelig Le Bars
Conseils vidéo Benoît Lahoz
Costumes Jennifer Minard
Régie générale Carole Van Bellegem
Assistanat à la mise en scène Léa Rivière
Régie lumière Bruno Azevedo
Régie son Laurent Vanteaux
Production Ensemble Atopique II
Coproduction Châteauvallon-Liberté, scène nationale / Théâtre des Quartiers d’Ivry – CDN du Val de Marne / La Criée, Théâtre National de Marseille / L’Atrium – scène nationale de la Martinique / Théâtre Montansier, Versailles / Les Célestins – Théâtre de Lyon / GRRRANIT – Scène nationale de Belfort / Le Pôle Arts de la scène – Friche la Belle de Mai, Marseille / Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Paris
Avec le soutien de la Région Sud-PACA, du ministère de la Culture, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de la Colline Théâtre national, de Montévidéo, Centre d’Art, de l’ENSAD de Montpellier et de l’Institut Français du Rwanda
Ensemble Atopique II est une compagnie conventionnée par le ministère de la Culture — DRAC PACA et la ville de Cannes
Photo de couverture © Jason R. Warren
Photo n° 1 © Joris Besson
Photo n° 2 © Chris Schwagga
Texte © Fréderic Maria
Quand j’ai lu le roman de Gaël Faye, j’ai été bouleversé par le destin de Gaby, spectateur et acteur au Burundi des conséquences du génocide des tutsis au Rwanda. Gaël Faye a écrit un premier roman initiatique où le personnage principal, Gaby, dix ans au début de l’histoire, entre dans l’adolescence alors que le Rwanda voisin va basculer dans le génocide des tutsis au début des années 90. Gaby est installé avec sa famille à Bujumbura, à moins de trois heures de route de Kigali. C’est là qu’il va vivre la réplique à ce génocide, en assistant à l’effondrement du monde qui l’a entouré jusque-là : le Bujumbura paradisiaque de son enfance, avec la famille et les copains de l’impasse, bascule dans le passé.
Petit Pays est écrit à hauteur d’enfant, il raconte l’entrée dans l’adolescence de Gaby qui est pris entre deux conflits écrasants. D’un côté des parents qui ne s’entendent plus, jouets d’une histoire venue de loin, l’histoire coloniale, le partage des frontières imposées aux peuples africains par les puissances occidentales et la néo-colonisation. Et de l’autre, par la montée d’un racisme sourd et violent sur fond de jeux initiatiques au sein de la bande à laquelle appartient Gaby. Il s’agit de devenir un homme et de choisir son camp.
Gaël Faye est aujourd’hui très engagé dans la reconnaissance du génocide des Tutsis au Rwanda à travers « le collectif des parties civiles pour le Rwanda » qui cherche à ce que les génocidaires en fuite, beaucoup ont trouvé refuge en France, soient jugés par un tribunal. Il m’a raconté que c’est à la suite d’une représentation de Rwanda 94 qu’il a pris conscience qu’il pouvait prendre part activement à un projet de « réparation ». En 2018, je le rencontrais pour lui parler de mon désir d’adapter son roman à la scène, j’ai pris cet aveu comme un signe.
Né au Burundi d’une mère rwandaise et d’un père français, Gaël Faye passe les premières années de sa vie en Afrique. La guerre civile dans les années 1990 oblige le jeune homme et ses parents à fuir pour la France. La famille s’installe dans les Yvelines où Gaël Faye suit une scolarité normale avant de poursuivre de brillantes études de finance. S’il travaille dans un premier temps pour un fonds d’investissement à Londres, Gaël Faye ne tarde pas à lâcher ce milieu pour se consacrer à sa véritable passion : la musique. Il forme alors le duo Milk Coffee and Sugar avec son acolyte Edgar Sekloka. Les deux rappeurs sortent un album en 2009 et se font repérer sur les scènes des festivals de musique comme au Printemps de Bourges en 2009 où ils sont nommés « découverte ». Parallèlement à ce groupe, Gaël Faye se lance dans une carrière en solo et sort en 2013 son premier album, Pili-Pili sur un croissant au beurre. Pour ce disque, il collabore notamment avec le trompettiste-pianiste Guillaume Poncelet, ex-membre de l’Orchestre national de jazz. En 2015, Edgar Sekloka décidé de quitter Milk Coffee and Sugar. Qu’à cela ne tienne, Gaël Faye se lance un nouveau défi en publiant, l’année suivante, son premier roman Petit Pays, inspiré par son enfance africaine. Il sera couronné du prix du roman Fnac en septembre 2016. Le 17 novembre 2016, il remporte le 29e Goncourt des lycéens pour Petit Pays, publié chez Grasset. En février 2018, Gaël Faye obtient la Victoire de la musique 2018 dans la catégorie Révélation scène, lors de la 33ème édition de la cérémonie.
Après une formation de comédien au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, Frédéric R. Fisbach accompagne les premières années de l’aventure de la compagnie de Stanislas Nordey jusqu’au Théâtre Nanterre-Amandiers. Il crée sa première mise en scène en 1992 au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, Les Aventures d’Abou et Maïmouna dans la lune d’après Bernard-Marie Koltès. À la suite de ce spectacle, il fonde sa compagnie – l’Ensemble Atopique – et devient artiste associé de la Scène Nationale d’Aubusson. En 1994, il monte L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel, avant de s’intéresser à Maïakowski, Kafka, Racine, Corneille et à Strindberg avec L’Île des morts.
Lauréat de la villa Medicis hors-les-murs en 1999, il séjourne au Japon, découvre les arts traditionnels de la scène et rencontre l’auteur dramatique Oriza Hirata, dont il mettra en scène Tokyo Notes et Gens de Séoul. De 2000 à 2002, il est artiste associé au Quartz de Brest, il crée Les Paravents de Jean Genet avec la compagnie de marionnettistes traditionnels japonais Youkiza et Bérénice de Jean Racine avec le chorégraphe Bernardo Montet. Il est ensuite nommé directeur du Studio-Théâtre de Vitry en 2002 puis est codirecteur, avec Robert Canterella, du Centquatre de sa préfiguration à son ouverture, de 2006 à 2009. Il réalise un long-métrage en 2006 intitulé La Pluie des prunes, sélectionné à la Mostra de Venise 2007, qui reçoit le Prix du meilleur film au Festival Tous Écrans de Genève la même année. À partir de 2000, il met en scène la création d’opéras contemporains, mais aussi baroques : Forever Valley, suivi par Kyrielle du sentiment des choses, Agrippina, et Shadowtime.
En tant qu’acteur, il joue dans plus d’une vingtaine de spectacles avec notamment Stanislas Nordey, Jean Pierre Vincent ou encore Dieudonné Niangouna pour Shéda. Artiste associé du Festival d’Avignon en 2007, il propose à la Cour d’honneur une performance de trois jours et trois nuits où il convie le public à des conférences, ateliers de pratique théâtrale et à la représentation des Feuillets d’Hypnos de René Char pour sept acteurs et cent amateurs. Au Festival d’Avignon 2011, il présente Mademoiselle Julie d’August Strindberg avec Juliette Binoche, Bénédicte Cerutti, Nicolas Bouchaud et des groupes d’amateurs. Il commande au romancier Eric Reinhardt sa première pièce Élisabeth ou l’Equité, créée en novembre 2013 au Théâtre du Rond-Point.
En juin 2014, il fait l’ouverture du Festival de Spoleto avec trois monodrames musicaux de Berlioz, Poulenc et Schönberg. Depuis 2018, il a mis en scène et joué Et Dieu ne pesait pas lourd… de Dieudonné Niangouna créé à la MC 93 et Convulsions de Hakim Bah créé au Théâtre des Halles et repris à Théâtre Ouvert en 2019. En février 2022, Frédéric R. Fisbach créer la pièce Liberté, écrite par Yann Verburgh. Il s’agit d’une forme itinérante à destination du jeune public, qui fait l’objet d’une tournée au sein des lycées. Il propose à la rentrée 2022, une adaptation du roman Petit Pays de Gaël Faye.