« Cette femme est plus moderne que moi ! » C’est à la mort de Gisèle Halimi que la comédienne et chanteuse Estelle Meyer découvre l’ampleur de ses combats. Sentant vibrer en elle les convictions de la célèbre militante, elle lui rend hommage dans cette pièce musicale.
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Tarif spécial à 4 € de 19h à 2h les soirs de représentation au parking Q-Park Liberté, place de la Liberté en réservant ici.
Le bar est ouvert les jours de représentation, 1h avant le début du spectacle et après la représentation. Il propose une restauration légère, avec des produits locaux et de saison.
Sous le regard protecteur de Gisèle Halimi, indispensable alliée, Estelle Meyer nous raconte son parcours de femme. Entre théâtre et musique, elle croise les trajectoires et mélange le récit de sa vie à celle des combats de la grande féministe.
De sa voix rocailleuse, elle revient sur toutes les premières fois : les règles, le corps qui se transforme, la sexualité, les virées nocturnes, le planning familial… Elle chante ces moments-clés comme des épopées puissantes. Elle danse merveilleusement la fatalité. Et nous incite, par sa présence lumineuse, à croquer la vie.
Conception, écriture, interprétation Estelle Meyer
Mise en scène et dramaturgie Margaux Eskenazi
Composition musicale Estelle Meyer, Grégoire Letouvet et Pierre Demange
Arrangements musicaux Grégoire Letouvet et Pierre Demange
Création lumière Pauline Guyonnet
Création costumes Colombe Lauriot Prévost
Scénographie James Brandily
Chorégraphie Sonia Al Khadir
Piano, clavier Grégoire Letouvet en alternance avec Thibault Gomez
Batterie, percussions Pierre Demange en alternance avec Maxime Mary
Régie son et direction technique Thibaut Lescure en alternance avec Guillaume Duguet
Régie lumière Pauline Guyonnet en alternance avec Fanny Jarlot
Collaboration, accompagnement et développement Carole Chichin
Diffusion Séverine André Liébaut
Production Phénomènes
Coproductions La Familia / le Théâtre Antoine Vitez à Ivry-sur-Seine / Théâtre des Îlets – Centre Dramatique National de Montluçon / les Plateaux Sauvages / l’ECAM – Espace culturel André Malraux / l’Atmosphère – Espace culturel de Marcoussis
Avec l’accompagnement et le soutien technique le Pavillon – Théâtre de Romainville, le Centre culturel Houdremont – ville de la Courneuve, Châteauvallon-Liberté – scène nationale Toulon, la Maison de la Poésie – Scène littéraire
Avec le soutien le Fonds SACD
Photos © Emmanuelle Jacobson-Roques
Texte © Vanessa Asse
Genèse — À la mort de Gisèle Halimi, je découvre, époustouflée, son œuvre. Cette femme est plus moderne que moi ! Elle tire tout le continent humain de sa clairvoyance et de sa ferveur. Son combat, sa route, ses forces me devancent, me donnent du courage et du sang pour faire battre mes pas. Une sensation d’un rythme cardiaque commun, rappelant l’essentiel : le grand hurlement de vie qui repousse toutes les forces de la mort. Cette rencontre littéraire avec elle, par-delà son décès, la découverte de sa personnalité puis la rencontre des gens qui l’ont côtoyée, ouvrent alors un dialogue incessant en moi.
Un rapport talisman à son passage sur terre. Et une confiance dans les difficultés traversées.
Celles-ci aboutiront. Il faut les affronter, ouvrir la porte aux monstres, à la cascade de l’enfance,
aux mots coincés, faire confiance aux grandes rivières d’air frais que sont l’écriture et le théâtre.
Commencent alors à s’activer en moi : une parole, une mémoire, l’urgence d’écrire, de témoigner et de transformer mes matériaux brûlants. D’en faire quelque chose. D’en faire récit, théâtre et catharsis. Purification des blessures. Il y a en moi tout un continent qui demande à crier, à chanter, à guérir, à dire. Le continent femme. Une révolte qui couve depuis l’avant moi. Dans ma lignée, dans mes veines, les femmes trépignent et attendent. Dans une lignée, il y a ce qui a été dit et ce qui ne l’a pas été. Il y a les absurdités, les traumatismes, l’amour, la sensualité, le silence, l’étrange, le pouvoir, la jouissance, des bébés sortis des jambes de femmes. Mais pour devenir soi il s’agit de s’emparer de soi, de regarder ses traces pour les comprendre. Et surtout de poser les mots dessus. Que les pulsions se subliment, ouvrent des fenêtres de réparation pour d’autres.
Tout le travail de Gisèle part d’une cause intime pour faire avancer le tout. Le combat, la défense d’une femme devenant celui de toutes les femmes et faisant avancer la société entière. On lui doit le procès de la torture. La législation pour punir et reconnaître enfin le viol. Le droit d’avorter. Des bascules de société fondamentales, immenses à reconquérir et affirmer toujours plus puissamment. Que les victimes soient entendues, défendues et protégées.
Déjà en nous-mêmes.
Son chant d’amour et de sensualité est toujours admirablement performé grâce à
cette voix qu’elle a si ronde. […] Ce spectacle-manifeste est aussi une ode à la vie, chantée, dansée et commentée par l’artiste avec l’aide de deux talentueux musiciens en symbiose. Télérama
Présence lumineuse, voix rocailleuse, corps ancré, Estelle Meyer est une interprète complète qui sert la langue avec une dévotion amoureuse et chante magistralement. […] En état de grâce, elle piétine le sort pour mieux manger la vie. Vaillante et victorieuse. Sceneweb
En pleine trentaine, Estelle Meyer, est une artiste interprète polymorphe.
Au théâtre elle est la princesse Europe dans les mises en scène du Birgit Ensemble dans le in du Festival d’Avignon ; la reine des fées pour Guillaume Vincent au théâtre de l’Odéon ; Volumnia, mère dévorante-cheffe de guerre, dans Coriolan mis en scène par François Orsoni au Théâtre de la Bastille. On la retrouve aussi aux côtés de Camélia Jordana et Zita Hanrot dans Andando, ode éclatante à Lorca, spectacle musical mis en scène par Daniel San Pedro aux Bouffes du Nord.
À la télé, elle est la pharaonne Hatschepsout pour Arte ; Alex, une ardente jeune femme almodovarienne dans la saison 4 de la série Dix pour cent sur France 2.
Au cinéma, Jessica, une samouraï libre dans Rêves de jeunesse d’Alain Raoust (ouverture de l’ACID au Festival de Cannes). Elle est la voix de Amy Winehouse pour Benjamin Abitan sur France Culture. À l’opéra, elle incarne le puissant Dracula dans Dracula de l’Orchestre National de Jazz. Au milieu de tous ces visages, ces personnages et ces époques traversées, sa langue émerge, s’invente, scintille. Une poésie puissante et singulière. Elle chante, libre et autre.
Entourée de Grégoire Letouvet, pianiste, et de Pierre Demange, batteur, elle nous amène au bord de la transe. Profondément ancrée en elle depuis toujours, la chanson est l’autre langage de prédilection d’Estelle Meyer. Sans s’inscrire dans aucun courant, loin de toute filiation ou « école », l’auteure-compositrice-interprète explore dans le mariage organique des mots, de la musique et du chant une esthétique et une vision de l’humanité qui n’appartiennent qu’à elle, à la fois inventrice et géomètre de ses propres territoires poétiques et musicaux. Baroques, sur le fil, percussives et toujours signifiantes, ses chansons ne se réfèrent en effet à rien de déjà entendu, ni de déjà vu, car la chanson selon Estelle Meyer est également visuelle et, avant tout, le moyen de faire vivre une expérience inédite au public – la comédienne émérite rejoignant alors la chanteuse affranchie et singulière qu’elle a choisi d’être.
En 2019, Estelle Meyer sort le livre disque Sous ma robe, mon cœur aux éditions Riveneuve-Archimbaud, dont Judith Chemla signe la préface qui prendra la forme du spectacle musical du même nom.