Frappée par les chiffres alarmant sur la santé mentale des adolescentes – le nombre d’hospitalisations pour geste auto-infligé est en hausse chez les jeunes filles en 2022 – Tamara Al Saadi propose une réécriture sensible d’Antigone. Ce spectacle choral interroge une adolescence qui ne parvient plus à penser son avenir.
Avec la Carte Châteauvallon-Liberté, votre 6ème place de spectacle est offerte !
Dans le cadre de l’engagement de la Scène nationale en faveur de l’environnement, Châteauvallon-Liberté, vous encourage à partager vos trajets avec d’autres spectateurs.
→ Rejoignez notre groupe Facebook Covoiturage Châteauvallon-Liberté pour proposer
ou demander un trajet partagé en cliquant ici
→ Pour faciliter vos échanges, un tableau pour les covoitureurs est à votre disposition dans nos deux théâtres.
Prenez un post-it, remplissez-le et attendez d’être contacté par vos futurs covoitureurs !
En partenariat avec le réseau Mistral, une navette BUS, offerte, vous transporte de la place de la Liberté jusqu’à Châteauvallon les soirs de spectacle au Théâtre couvert.
Départ de l’arrêt Liberté à 18h50.
Réservation nécessaire et possible jusqu’à la veille du spectacle, par téléphone au 09 800 840 40 ou lors de votre réservation sur internet.
Chaque soir de représentation, l’équipe Les Têtes d’ail vous propose désormais une petite restauration locale et de saison, pour manger sur le pouce ! Vous avez la possibilité de vous restaurer au moins une heure avant le spectacle et à l’issue.
Dans un spectacle brûlant et poétique, Tamara Al Saadi compose sa propre version du mythe d’Antigone et nous conte, en miroir, l’histoire d’Eden, jeune fille placée par l’Aide Sociale à l’Enfance. Du latin infans, “enfant” signifie
“celui qui ne parle pas”. Tamara Al Saadi interroge la question du silence des enfants, l’idée que leurs voix sont souvent confisquées par les adultes. Entre l’intime et le politique, elle nous plonge dans la complexité du monde, empruntant au mythe un peu de sa magie. Sur scène, les corps et les voix des 12 interprètes, portés par un univers sonore et musical intense, s’unissent dans un souffle commun.
Texte, scénographie et mise en scène Tamara Al Saadi
Assistanat à la mise en scène Joséphine Lévy
Collaboration artistique Justine Bachelet
Scénographie et création lumière Jennifer Montesantos
Interprètes Manon Combes, Ryan Larras, Mohammed Louridi, Eléonore Mallo, Bachar Mar-Khalifé, Fabio Meschini, Chloé Monteiro, Mayya Sanbar, Tatiana Spivakova, Ismaël Tifouche Nieto, Marie Tirmont et Clémentine Vignais
Composition sonore et musicale Eléonore Mallo, Bachar Mar-Khalifé et Fabio Meschini
Assistanat création son & régie son Arousa Ducelier
Création lumière et scénographie Jennifer Montesantos
Assistanat création lumière & régie lumière Elsa Sanchez
Chorégaphie Sonia Al Khadir
Costumes Pétronille Salomé
Régie plateau Sixtine Lebaindre
Invitation Collectif ExtraPôle SUD
Production Compagnie La Base et La Criée — Théâtre national de Marseille
Coproductions Théâtre Dijon Bourgogne – CDN / Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine – CDN / MC2 Maison de la Culture de Grenoble – Scène nationale / Théâtre national de Nice – CDN / Espace 1789 – Scène Conventionnée (St-Ouen) / Le Théâtre de Rungis (94) / Théâtre Joliette – Scène conventionnée (Marseille) / Théâtre du Fil de l’Eau / Ville de Pantin
Soutiens Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Île-de-France / Région Île-de-France / Département de Seine-Saint-Denis / Dispositif d’insertion École du Nord soutenu par la Région Hauts-de-France et le Ministère de la Culture / Fonds SACD, Ministère de la culture Grandes Formes Théâtre
Photos © Geoffrey Posada Serguier
Texte © Vanessa Asse
Tamara Al Saadi poursuivra son exploration du mythe d’Antigone. Avec Taire, elle souhaite interroger les différentes visions que portent les adolescent.es contemporain.es sur les rapports de force et la résistance. Comment Antigone, figure féminine, se dresse-t-elle face à l’autorité paternelle et politique, incarnée par une double entité : le père et le roi ? Comment cette histoire peut-elle ouvrir le champ à d’autres questionnements sur notre époque ? Depuis le premier confinement, les internements en pédopsychiatrie ont augmenté de 40%. L’actualité est traversée par des problèmes environnementaux, des risques géopolitiques, des enjeux sociaux, qui entraînent une anxiété croissante chez les plus jeunes. Comment les adolescents perçoivent-ils le mythe d’Antigone, étendard d’une jeunesse qui se redresse ?
Comment résonne-t-il alors que le monde contemporain plonge les plus jeunes dans un état de
sidération ? Quel regard portent-ils sur leur propre impuissance, leur nécessité de crier une révolte impossible ? Antigone, une jeune femme se dresse face à l’institution : elle n’aura pas gain de cause mais se tiendra debout malgré tout. Face à l’impasse, comment réagir ? Choisissons-nous d’y aller en dépit de tout, est-ce que cela fait encore sens ? Entre le désespoir et la résistance, qu’est-ce que le choix d’Antigone raconte de nous, de la société à laquelle nous appartenons ?
Cette adaptation d’Antigone s’inscrira dans le sillage de Place et Istiqlal, se nourrissant du travail réalisé avec Gone dans le cadre du projet Adolescence et Territoire(s) en 22-23 et de laboratoires de recherche auprès de jeunes adolescent.es. Taire cherche à ouvrir un dialogue, à mettre en commun les expériences et interroger leurs représentations. Que représente le théâtre ? Quelle est sa fonction dans les imaginaires de la jeunesse actuelle ? Comme dans ses précédentes créations, Tamara Al Saadi accordera une grande importance à la direction des acteurs, à la présence de leurs corps au plateau, à la construction d’un geste choral, à une scénographie épurée, à l’intrication des langues, de la musique et des sons.
Pourquoi t’es-tu orientée vers Antigone ?
J’ai choisi la figure d’Antigone pour le symbole de résistance, qu’elle incarne actuellement mais qu’elle a également représenté au cours de la traversée historique de la France pendant la Seconde Guerre mondiale. À cette période, elle a été régulièrement jouée et plusieurs auteurs s’en sont saisis, en résonance à l’Occupation. Antigone m’a marquée très intimement quand j’étais adolescente. C’est une figure qui est encore étudiée à l’école. Elle persiste et trouve des échos différents au fur et à mesure que le monde avance. Lors d’interventions artistiques en milieu scolaire, j’ai pu constater qu’il s’agissait d’un personnage auquel s’attachent encore beaucoup les jeunes. En choisissant Antigone, icône littéraire de la résistance, je cherche à voir comment cette figure peut créer du commun, comme elle peut répondre à l’anxiété croissante des jeunes face au péril climatique, géopolitique, social… Que symbolise-t-elle ? Que représente-t-elle pour elles et eux ?
Comment envisages-tu la création de Taire ?
Je vais proposer une adaptation du mythe d’Antigone. Mon travail se situe à la croisée de la recherche en sciences sociales et du théâtre. Taire sera ainsi créé à partir d’une méthodologie qui emprunte des outils de recherches en sciences sociales et que je mobiliserai lors de mes échanges avec les adolescents rencontrés. J’ai commencé à ouvrir des espaces de réflexion autour d’Antigone à travers des improvisations en 2022-2023 au cours du projet Adolescence et territoire(s), avec des jeunes entre 15 et 20 ans issus de territoires proches des Ateliers Berthier, du Théâtre de Gennevilliers et de l’Espace 1789 de Saint-Ouen. Ces ateliers les encouragent sur la voie de l’écoute de l’autre et les sensibilisent à l’importance de la maîtrise de la langue. Ensemble, ils ont participé à la création d’un spectacle traitant de questionnements propres à leur génération qui s’appuie sur le mythe d’Antigone et traverse les écritures de multiples auteurs tels que Cocteau, Sophocle ou Bertolt Brecht. C’est avec les questions suivantes que je suis partie à la rencontre des jeunes impliqués dans le projet : mais qui est Antigone ? À l’heure de l’adolescence, de l’entrée dans l’âge adulte, que représente cette figure mythologique ? Comment est-elle comprise et perçue ? J’aspire à créer des espaces de rencontres, d’échanges, de pratique théâtrale, d’écriture, autour des thématiques qui traversent Antigone auprès d’adolescents en milieu hospitalier, dans des lieux de soin, des foyers de l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance)…
De quelle manière envisages-tu la place du son dans ce spectacle ?
L’idée sera de travailler avec un groupe d’une dizaine de comédiens, afin de permettre une choralité, dans une scénographie épurée où le corps des artistes ainsi que la place du son restent toujours centraux. Afin de créer cette atmosphère sonore, j’envisage la présence d’une bruiteuse et d’un musicien au plateau. Je souhaite continuer à étirer les procédés de théâtre à vue, que nous avons développés dans Partie, afin de donner à voir des constructions d’images qui sont créées par les acteurs. Ce sont elles et eux qui fabriquent la matérialité de la fiction. Cela m’intéresse beaucoup qu’on puisse continuer à étudier la manière dont on donne à voir la fiction dans son artisanat ainsi qu’à tisser le procédé du bruitage en direct au plateau.
Après une licence de Sciences Politiques, Tamara Al Saadi se forme au métier de comédienne. En 2011, elle écrit et met en scène son premier spectacle, Chrysalide. En tant que comédienne, elle joue sous la direction de différents metteurs en scène dont Arnaud Meunier qui la convie à rejoindre l’Ensemble Artistique de la Comédie de Saint-Étienne.
D’autre part, elle est admise en Master d’expérimentations en Arts et politique à Sciences Po Paris (SPEAP), sous la direction de Bruno Latour. En 2016, en collaboration avec Mayya Sanbar, elle pense la compagnie La Base. Elles sont conviées par de nombreuses structures dont Citoyenneté Jeunesse à diriger des ateliers sur la question de « l’image de soi » via la création théâtrale.
En 2018, elle remporte le prix du Jury et le prix des Lycéens du Festival Impatience pour Place dont elle signe l’écriture et la mise en scène. En février 2021, elle crée Brûlé·e·s au CENTQUATRE-Paris dans le cadre du Festival les Singulier·es.
En novembre 2021, elle crée Istiqlal au Théâtre des Quartiers d’Ivry – CDN. En juillet 2022, elle crée Partie au Festival d’Avignon dans le cadre de Vive le Sujet puis MER sur une commande du Théâtre Dijon Bourgogne – CDN pour le dispositif Passe-Murailles.
Au cours de la saison 2022/2023, elle co-écrit et met en scène Gone avec un groupe de 17 jeunes pour la création d’un spectacle en juin 2023 dans le cadre d’Adolescences et Territoire(s), projet porté par l’Odéon Théâtre de l’Europe en partenariat avec le Théâtre de Gennevilliers – CDN et l’Espace 1789 de Saint-Ouen.
Tamara Al Saadi est artiste associée au Théâtre des Quartiers d’Ivry – CDN et au Théâtre Dijon Bourgogne – CDN depuis 2021. Depuis septembre 2023, Tamara Al Saadi est en compagnonnage au Théâtre Joliette de Marseillle et depuis janvier 2024, elle est associée au Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine – CDN.