Célèbre pour sa pièce-fleuve Angels in America, prix Pulitzer en 1993, et coscénariste du film Munich de Steven Spielberg, Tony Kushner est un dramaturge qui aime raconter des histoires avec des personnages placés dans des situations concrètes ancrées dans l’histoire contemporaine. Avec A Bright Room Called Day, il livre une pièce d’une actualité politique brûlante.
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Tarif spécial à 4 € de 19h à 2h les soirs de représentation au parking Q-Park Liberté, place de la Liberté en réservant ici.
Le soir du réveillon, une bande de jeunes gens cultivés et informés ironisent sur l’accession fulgurante de Hitler. « Celui-là n’est qu’un guignol, il ne passera jamais ! ». C’est ce que disaient nombre de commentateurs avant l’élection surprise, aux États-Unis, d’un milliardaire fascisant, Donald Trump. Avec A Bright Room Called Day, Tony Kushner livre une pièce d’une actualité politique que chacun peut reconnaître : l’inexorable montée des idées d’extrême-droite dans les débats qui agitent la société. Trois époques coexistent : les années 30, l’ère Reagan et notre temps. Des actrices, un réalisateur, un graphiste, tous s’estimant responsables et avisés, sont pourtant frappés de cécité. Ils ne se rendent pas compte du glissement qui fait accepter par tous, les discours de haine et d’intolérance en en minimisant la portée et la nocivité, empêchant toute vision et toute mobilisation pour une société plus fraternelle. Entre passé et présent, de la victoire électorale de Hitler à celle de Trump, Kushner pointe avec réalisme et onirisme les échos et les correspondances.
Texte Tony Kushner
Traduction Daniel Loayza
Mise en scène Catherine Marnas
Avec Simon Delgrange, Annabelle Garcia, Tonin Palazzotto, Julie Papin, Agnès Pontier, Sophie Richelieu, Gurshad Shaheman, Yacine Sif El Islam et Bénédicte Simon
Assistanat à la mise en scène Odille Lauria
Scénographie Carlos Calvo
Musique Boris Kohlmayer
Son Madame Miniature
Lumières Michel Theuil
Costumes Édith Traverso
Confection des marionnettes Thibaut Seyt
Production Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine
A Bright Room Called Day est représentée dans les pays de langue française par Dominique Christophe / L’Agence en accord avec Gersh Agency, Inc.
Photos © Pierre Planchenault
Texte © François Rodinson
Catherine Marnas met en scène avec brio et un formidable appétit de vivre cette pépite de dynamite écrite et corrigée par Tony Kushner, comme un ultime avertissement en temps de crise. Fabienne Arvers — Les Inrockuptibles
Ils sont à la fois acteurs, chanteurs et musiciens. Tous épatants. Ils forment une troupe chorale poignante, en défendant tour à tour des personnages en résistance, dont les réactions face à la barbarie sont multiples. […] Catherine Marnas frappe un grand coup en présentant A Bright Room Called Day. Stéphane Capron — Sceneweb
Le spectacle est doux amer. Il est captivant. David Rofé-Sarfati — Toute la Culture
Merci à Catherine Marnas de nous faire découvrir cette pièce baroque, tonique, servie par une direction d’acteurs impeccable et des interprètes d’une grande justesse. Mireille Davidovici — Théâtre du blog
Catherine Marnas crée la première mondiale de cette nouvelle version. Passionnant. Jean-Pierre Thibaudat — Mediapart
J’ai découvert l’écriture de Tony Kushner, comme beaucoup de Français, avec sa pièce Angels in America. Je l’ai vue et revue au fil du temps et chaque fois j’ai eu la même impression : une force théâtrale inégalée dou-blée d’une vision politique, chose très rare et précieuse.
Après avoir mis en scène un spectacle sur Pasolini, je cherchais LE texte qui pourrait rendre compte de mon obsession sur ce que j’appelle « le glissement ». Nous considérons souvent le fascisme comme un épouvantail, un évènement apocalyptique qui risque de nous tomber dessus comme un météore, comme un phénomène tout à fait extérieur à nous. Or, certaines valeurs d’extrême droite, épaulées par un ultra-libéralisme, nous ont déjà grignotés en « glissements » progressifs. Un peu comme cette image de la grenouille qui saute si on la plonge dans l’eau bouillante mais qui ne réagit pas si l’on chauffe l’eau progressivement. J’ai d’abord pensé à Brecht (Grand-peur et misère du IIIe Reich ou Têtes rondes et têtes pointues) mais il me manquait la modernité : nous aujourd’hui.
Me souvenant de ma fascination pour les textes de Tony Kushner, je me suis mise à fouiller et miracle : je découvre A Bright Room Called Day. Tout ce que je cherchais s’y trouve : des personnages complexes et contradictoires, proches de nous (et je dis « nous » au sens de notre communauté artistique, consciente et si souvent impuissante) et un texte qui illustre nos questions et nos préoccupations d’aujourd’hui. Il y a aussi dans la pièce un mélange entre réalisme et onirisme, une confrontation entre passé et présent.
Dans ses notes aux metteurs en scène, Tony Kushner parle de contextualisation de sa pièce. J’en suis ravie et je sais maintenant qu’il va la réactualiser au regard de la présidence de Trump. D’ailleurs, une allusion aux « petits » dictateurs européens peut être envisagée…
J’ai demandé la traduction de la pièce à notre meilleur traducteur français du théâtre américain : Daniel Loayza.
La distribution est plutôt très jeune ; il me semble important que les personnages soient incarnés par une pulsion de vie immédiatement perceptible. Outre la personne avec qui je travaille régulièrement pour les bandes son de mes spectacles, j’ai également fait appel à un compositeur, Boris Kohlmayer car il me semble important d’avoir une composition originale.
En ce qui concerne la scénographie, je travaille avec mon fidèle collaborateur, Carlos Calvo. Mexicain, il maîtrise parfaitement le mélange entre réalisme et magie qui fait partie de ses gènes.
J’espère que A Bright Room Called Day permettra de découvrir toute la force et la puissance des œuvres de Tony Kushner. Cette pièce, à l’actualité déconcertante, doit être entendue en Europe.
Catherine Marnas
Parmi les pièces de Tony Kushner on trouve Bright Room, Angels in America, Slaves ! ou les éternels problèmes posés par la vertu et le bonheur, Homebody/Kaboul, la comédie musicale Caroline or Change et l’opéra A Blizzard on Marblehead Neck tous deux écrits avec la compositrice Jeanine Tesori, ainsi que The Intelligent Homo-sexual’s Guide To Capitalism And Socialism With A Key To The Scriptures (litt. Guide de l’homosexuel intelligent en présence du capitalisme et du socialisme avec la clef des Écritures »).
Tony Kushner a adapté et traduit L’Illusion comique de Corneille, Le Dibbouk d’Anksy, La Bonne âme du Setchouan et Mère courage et ses enfants de Brecht et le livret de l’opéra Brundibar de Hans Krasa. Il a écrit les scénarios des films Angels In America réalisé par Mike Nichols et Munich et Lincoln réalisés par Steven Spielberg. Parmi ses ouvrages publiés on trouve Brundibar illustré par Maurice Sendak, The Art of Maurice Sendak : 1980 to the Present (litt. L’art de Maurice Sendak : de 1980 à nos jours) et Wrestling With Zion: Progressive Jewish-American Responses to the Palestinian/Israeli Conflict (litt. Lutter avec Zion : réponses progressives des juifs américains au conflit israélo-palestinien) écrit avec Alisa Solomon.
Il a reçu, entre autres, le prix Pulitzer, deux Tony Awards, trois Obie Wawards, deux Evening Standard Awards, un Olivier Award, un Emmy Award , deux nominations aux Oscars et le Steinberg Distiguished Playwright Award. En 2012, le président Barack Obama lui a remis la National Medal of Arts (médaille nationale des arts). Il vit à Manhattan avec son époux, Mark Harris.
Détentrice d’une maîtrise de Lettres Modernes et d’un D.E.A. de Sémiologie Théâtrale, Catherine Marnas s’est formée à la mise en scène auprès de deux grands noms du théâtre contemporain : Antoine Vitez (1983-1984) et Georges Lavaudant (1987-1994). En parallèle, elle fonde en 1986 avec Claude Poinas la Compagnie Parnas dédiée presque exclusivement au répertoire contemporain. Animée par un souci constant de travailler une matière toujours en prise avec le monde, elle s’attache à faire entendre l’écriture d’auteurs comme Roland Dubillard, Copi, Max Frisch, Olivier Py, Pier Paolo Pasolini, Jacques Rebotier… Quelques classiques jalonnent néanmoins son parcours tels Brecht, Molière, Shakespeare, Tchekhov. Elle met en scène en France et à l’étranger plusieurs textes de son auteur fétiche Bernard-Marie Koltès, ouvrant de nouvelles perspectives dans l’œuvre de l’auteur. Sa volonté de confronter son théâtre à l’altérité, son goût des croisements, la curiosité du frottement avec d’autres cultures l’a régulièrement entraînée dans de nombreuses aventures à l’étranger en Amérique latine et en Asie. Elle s’appuie sur une troupe de comédiens permanents rejoints par d’autres compagnons fidèles comme le scénographe, la costumière, la créatrice son… Depuis son entrée dans le théâtre, Catherine Marnas a toujours conjugué création, direction, transmission et formation de l’acteur. Elle a été professeure d’interprétation au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris de 1998 à 2001 et a enseigné à l’École Régionale d’Acteurs de Cannes. C’est aujourd’hui avec les élèves-comédiens de l’École supérieure de théâtre Bordeaux Aquitaine (éstba) que se poursuit cette quête d’une formation d’excellence. De 1994 à 2012, Catherine Marnas a été artiste associée à La Passerelle-scène nationale de Gap et des Alpes du Sud – et de 2005 à 2012 aux Salins – scène nationale de Martigues. En 2013, la Ville de Marseille lui a confié la direction artistique du pôle théâtre de la Friche la Belle de Mai.
Elle est directrice du TnBA – Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine et de l’éstba (École supérieure de théâtre Bordeaux Aquitaine), depuis janvier 2014. C’est avec ardeur qu’elle y revendique un théâtre « populaire et généreux ! » où la représentation théâtrale se conçoit comme un acte de la pensée et source de plaisir. Ses précédentes mises en scène au TnBA : Lignes de faille de Nancy Huston (2014), Le Banquet fabulateur, création collective (2015), Lorenzaccio d’Alfred de Musset (2015), Comédies barbares de Ramón del Valle-Inclán (2016), 7 d’un coup de Catherine Marnas inspiré du Vaillant Petit Tailleur des Frères Grimm (2017), Marys’ à minuit de Serge Valletti (2018) et La nostalgie du futur, de Pier Paolo Pasolini et Guillaume Le Blanc (2018). En janvier 2021, elle a créé Herculine Barbin : Archéologie d’une révolution.