Inspiré des écrits d’un ancien garde rouge devenu poète et milliardaire, Adieu la Mélancolie est une fresque théâtrale autour de la Révolution culturelle chinoise. Des années 70 à nos jours, on suit la trajectoire de onze Chinois et Européens. Une question les obsède: comment vivre dans une société qui a tout fait pour effacer sa douloureuse mémoire ?
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Tarif spécial à 4 € de 19h à 2h les soirs de représentation au parking Q-Park Liberté, place de la Liberté en réservant ici.
La vie de l’écrivain Luo Ying est édifiante. Né dans la misère, membre des gardes rouges — ces jeunes embrigadés et plus tard sacrifiés par Mao —, il a vu disparaître les siens, broyés par la Révolution culturelle. Des années après, il raconte son histoire personnelle dans Le Gène du garde rouge, souvenirs de la Révolution culturelle, éclairant du même coup l’histoire de la mutation de la Chine. Avec lucidité, Luo Ying revient, à cinquante ans de distance, sur les horreurs d’un temps où régnait un chaos collectif. Son histoire est celle d’un Monte-Cristo, revenu se venger des injustices par la réussite financière et le verbe. Il a choisi les armes de la poésie pour dire l’indicible et lutter contre l’amnésie à l’œuvre dans son pays, qui a depuis basculé dans un hyper-capitalisme despotique. C’est cette Chine qui a intéressé le metteur en scène Roland Auzet. Avec l’aide de la cinéaste Pascale Ferran, ils sont partis du livre de Luo Ying pour questionner aussi l’attitude des Occidentaux. Ils y ont ajouté le personnage de Daf Rosenberg, figure fanatique d’un occidental ayant collaboré à la tyrannie maoïste. Adieu la Mélancolie montre aussi comment une jeune génération chinoise, brutalement enrichie, peine aujourd’hui à donner du sens à son existence.
D’après Le Gène du garde rouge, souvenirs de la Révolution culturelle de Luo Ying, publié aux éditions Gallimard – Traduit du chinois Xu Shuang et Martine De Clercq
Conception, texte et mise en scène Roland Auzet
Adaptation Pascale Ferran
Avec Yann Collette, Hayet Darwich, Jin Xuan Mao, Chun-Ting Lin, Thibault Vinçon, Angie Wang, Haoyang Wu, Yves Yan, Yilin Yang, Lucie Zhang et iNA-iCH (Kim-Thuy Nguyen Clair et Aurélien Clair)
Et la participation de Caroline Aubry,
Léa Carlavan, Mélanie Chesneau,
Darine Guerriche, Keryan Kurkubic, Yasmine Lespilette, Adrien Lhabitant, Christophe Misner, Adriana Morbiducci, Hippolyte Oudin, Mélanie Poulain,
Mélissa Roux-Fougère, Julia Touzé et Georgy Uchadze
Collaboration artistique Robert Lacombe
Assistanat à la mise en scène Julien Avril
Musique Victor Pavel – iNA-iCH (Kim-Thuy Nguyen Clair et Aurélien Clair)
Coordination des amateurs Agathe Bioulès
Scénographie Cédric Delorme-Bouchard
Lumières Bernard Revel
Son Julien Pittet
Création vidéo Nicolas Comte
Régie vidéo Charlotte Nivert
Costumes Bénédicte Etienne
Régie générale Séverine Combes
Régie plateau Patrick Lejoncourt
Chargée de production Mélanie Lézin
Production ACT Opus, compagnie Roland Auzet
Coproduction Le Théâtre, scène nationale de Saint Nazaire
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
La Compagnie ACT Opus est soutenue par le ministère de la Culture – DRAC – Auvergne Rhône-Alpes et la Région Auvergne Rhône-Alpes
Photos © Christophe Raynaud de Lage
Texte © Fréderic Maria
Profils recherchés
Le Liberté, scène nationale recherche des volontaires pour participer à la pièce. Sur le plateau transformé en salle de réception, les participantes et participants incarneront les convives lors d’un dîner. Cette soirée euro-asiatique sera composée à partie égale de jeunes personnes européennes et asiatiques :
Calendrier des présences
La préparation s’organisera en deux temps au Liberté.
2 séances pour se rencontrer, essayer et se mettre en place.
Puis le temps des représentations au Liberté :
Pour participer au projet ou obtenir plus d’informations, contactez Maud Jacquier, chargée des relations avec le public : maud.jacquier@theatreliberte.fr | 04 98 07 01 14
« Sous prétexte d’aller de l’avant, nous feignons d’avoir oublié. Dans notre société, personne n’est indemne. » Luo Ying
Librement adapté du livre Le Gène du garde rouge – Souvenirs de la révolution culturelle du poète chinois Luo Ying, le spectacle se veut une caisse de résonance construite autour du texte poème afin de restituer les images en partie effacées de la « terreur rouge ».
C’est un retour sur l’histoire d’une époque, celle de la Révolution culturelle en Chine, vue nos jours en Europe, par un groupe de jeunes chinois et européens. Vue d’ici, la Révolution culturelle est ce moment – rendu presque sympathique par le Pop Art – de l’histoire d’un pays dont la jeunesse se soulève sous l’impulsion du Grand Timonier, dans un élan sincère et généreux contre l’ordre établi.
La pièce suit principalement le cheminement de l’auteur Luo Ying, ancien garde rouge devenu poète et homme d’affaire, face à Daf Rosenberg, figure sombre, presque démoniaque, d’un occidental ayant collaboré au pouvoir tyrannique de Mao. Autour, une cohorte de jeunes gens qui sont le visage de la Chine d’aujourd’hui.
Ces jeunes chinois, de plain-pied dans une mondialisation à l’Occidentale, vivent confortablement mais au prix d’une explosion sans précédent des inégalités et du contrôle grandissant des populations. Cette jeune génération s’est brutalement enrichie et vit tout aussi brutalement. Mais elle se questionne sur le sens à donner à son existence et comment surmonter le nihilisme moral qui a envahi leur vie.
Ces jeunes gens vont s’interroger sur la responsabilité des uns et des autres dans la façon dont l’histoire contemporaine chinoise ne s’est pas transmise, ensevelie sous la propagande du Parti mais aussi par la lâcheté des occidentaux, notamment européens. Leur pays a beau se poser bientôt comme la première puissance économique mondiale, ils ont accepté – souvent à contre cœur – de renoncer à l’état de droit et à la liberté d’expression au profit de leur confort matériel.
Pourtant, sous prétexte d’aller de l’avant, tous ne peuvent feindre d’avoir oublié : dans cette société d’anciens gardes rouges, personne ne sortira indemne d’une lutte de tous contre tous, d’une civilisation parfois pire et plus violente que l’état de nature. Leur modernité repose sur une tragédie historique tue et taboue, mais sue de tous.
Adieu la Mélancolie est une fresque théâtrale qui traite de la réappropriation de l’histoire personnelle et nationale, et qui aspire à proposer une réflexion plus générale sur la construction d’un être dans un monde sans mémoire. Avec, à travers une dizaine de trajectoires dramatiques, une question en filigrane :
Pourquoi la Chine, incarnant la culture plurimillénaire, après avoir suscité tant d’espoir de progrès et tant d’éloges de réussite économique, a-t-elle adopté un hyper capitalisme despotique et prédateur pour les siens et pour le monde ?
Roland Auzet
Huang Nubo est né dans la province du Gansu, dans une famille de militaire. À partir de l’âge de deux ans, Huang grandi à Yinchuan dans la région du Ningxia. Sous le pseudonyme de Luo Ying, il relate le suicide de son père, déclaré « contre-révolutionnaire actif » à la suite des purges maoïstes de la campagne des Cent fleurs, et la mort de sa mère, réduite à la mendicité, intoxiquée au gaz près de dix ans plus tard.
Pendant la Révolution culturelle (1966-1976), il est Garde rouge. Cette période a profondément marqué Luo Ying. À l’âge de 15 ans, il décide de substituer à son prénom Yuping (paix de Jade) celui de Luo Ying (vagues en colère) car il en avait assez de subir. Il décrira plus tard les horreurs auxquelles, jeune garde rouge, il a assisté. Puis il sera envoyé à la campagne comme 17 millions de jeunes instruits et d’anciens Gardes rouges. Après la mort de Mao Zedong et l’arrestation de la bande des Quatre en 1976, il peut revenir à Pékin.
Luo Ying commence à écrire des poèmes à l’âge de 14 ans. Il publie son premier livre en 1978. Un premier recueil de poèmes date de 1992 (Cessez de m’aimer), suivi de Adieu la mélancolie (1995) et Fleurs naissantes (2003). À partir de 2005, Luo Ying cherche une nouvelle forme d’expression poétique avec la pratique d’une prose-poème réinventée à partir de la rhapsodie traditionnelle chinoise (fu). Ses nouveaux recueils de poèmes ont pour décor la mutation de la société chinoise en plein essor économique : Errance urbaine (2005), Lapins, lapins (2008), La Neuvième nuit (2011).
Le Gène du Garde rouge, souvenirs de la Révolution culturelle, préface de Jacques Darras, traduit par Xu Shuang et Martine de Clercq, est édité chez Gallimard (2015). Il s’y présente à la fois victime et coupable. Il décrit son embrigadement progressif, montre le cadavre de son père abandonné sur un tas d’ordures, sa mère mendiante. Il évoque ce « gène du garde rouge » qui le marque à vie. L’ouvrage reste interdit en Chine où le sujet de la Révolution culturelle est toujours tabou.
Roland Auzet développe depuis de nombreuses années un parcours professionnel autour de la création et de la direction de projets artistiques centrés sur la scène pluridisciplinaire, comme metteur en scène et compositeur. Ses principales réalisations sont : Mille orphelins, texte de Laurent Gaudé, avec André Wilms et la Maîtrise de Radio France (2011) ; Histoire du soldat d’Igor Stravinsky et Charles-Ferdinand Ramuz, avec Thomas Fersen (2012) ; Tu tiens sur tous les fronts de Christophe Tarkos, avec Hervé Pierre et Pascal Duquenne (2012) ; Aucun homme n’est une île de Fabrice Melquiot, avec Julien Romelard (2013) ; Steve Five (King different), opéra de chambre, avec Thibault Vinçon, Oxmo Puccino, Michael Slattery (2014) ; Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès, avec Anne Alvaro et Audrey Bonnet (2015) ; Ninet’infernO d’après Pasolini et Shakespeare, avec Pascal Greggory et Mathurin Bolze (2015) ; HIP 127, la Constellation des cigognes de Martin Palisse et Jérôme Thomas, musique de Roland Auzet (2015) ; Terrace on the hill, avec Watan Tusi, Théâtre national de Taipei (Taiwan), Prix Pulima Art Award (2016) ; In the solitude of cotton fields de Bernard Marie Koltès, avec Oceana James et Tory Vasquez (2017) ; Ultime supplique opéra prologue à Barbe Bleue, avec Oxmo Puccino et l’orchestre de l’Opéra de Limoges (2018) ; VxH-La Voix Humaine de Jean Cocteau, avec des textes de Falk Richter, avec Irène Jacob (2018) ; Écoutez nos défaites-END, d’après le roman de Laurent Gaudé, avec Gabriel Arcand et Thibault Vinçon (2018) ; Dans la solitude des champs de coton, version en mandarin, Théâtre national de Taipei, Taiwan (2018) ; D’Habitude on supporte l’inévitable-Hedda Gabler, d’après Ibsen et Falk Richter, avec Hayet Darwich, Clément Bresson, Gaël Baron, Sophie Daull, Karoline Rose, Lucie Lebrun, Elisa Paris, Juliette Saumagne (LEJ) (2019) ; Nous l’Europe, banquet des peuples, texte de Laurent Gaudé, avec 11 comédiens/musiciens (Festival d’Avignon 2019) et The One Dollar Story, de Fabrice Melquiot, avec Sophie Desmarais (2022)