Adolescent
Danse

Adolescent

Sylvain Groud — Françoise Pétrovitch

Créée en collaboration avec l’artiste Françoise Pétrovitch, la pièce chorégraphique de Sylvain Groud est un plongeon dans l’adolescence. Cette période trouble et fascinante, jalonnée par les pulsions et les contradictions, interprétée avec talent par dix danseurs en perpétuel mouvement.

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Lieu
  • Le Liberté
  • Salle Albert Camus
Accessibilité
  • En famille
    • dès 9 ans
  • Dates Durée 1h10
  • jeudi 6 avril 2023 14:30
  • jeudi 6 avril 2023 20:30
Tarif A
  • Plein tarif 29 €
  • Tarif préférentiel 21 €
  • Tarif avec la Carte Encore 21 €
  • Tarif formule 3 spectacles et + 20 €
  • Tarif formule 10 spectacles et + 18 €
  • Tarif demandeur d'emploi 16 €
  • Tarif jeune (- de 30 ans et étudiants) 11 €
  • Tarif solidaire 5 €
Informations pratiques

Dans le fond de scène, les peintures gigantesques de la plasticienne servent de décor et de fil conducteur à Adolescent. La danse du directeur du Centre Chorégraphique National de Roubaix d’ordinaire nue et dépouillée se fait plus figurative. Les corps s’agitent, sont nerveux, se cherchent et se bousculent. Ils sont à la fois semblables et différents. Habités par les mêmes paradoxes mais divergents dans leur façon de les exprimer. Les groupes se font et se défont. La tension est palpable et s’intensifie à mesure que la musique électro du compositeur Molécule prend possession de l’espace sonore. La scénographie très esthétique vient sublimer ce passage orageux que l’on traverse tous. Ce moment-clé qui nous façonne, marqué par les émotions brutes qui nous percutent.

Conception et chorégraphie Sylvain Groud en étroite collaboration avec les interprètes Yohann Baran, Marie Bugnon, Pierre Chauvin-Brunet, Mathilde Delval, Alexandre Goyer, Alexis Hédouin, Julie Koenig, Lauriane Madelaine, Adélie Marck et Julien Raso
Assistanat à la chorégraphie Agnès Canova
Décors et costumes Françoise Pétrovitch
Musique Molécule
Lumières Michaël Dez
Réalisation costumes Chrystel Zingiro assistée d’Élise Dulac et de Patricia Rattenni
Direction technique Robert Pereira

Production Ballet du Nord – Centre Chorégraphique National Roubaix Hauts-de-France
Coproduction Le Colisée, Théâtre de Roubaix

Photos © Frédéric Iovino
Vidéo © Léonard Barbier-Hourdin
Texte © Marie Minair

Adolescent est une œuvre résolument moderne, nerveuse, plastique et symétrique. Les corps des dix danseurs se confondent volontairement. Ils se cherchent, se repoussent et s’attirent, troublés par les incertitudes de leur époque. Lilian Casier — Nord Éclair

Sylvain Groud fait donc le pari de l’esthétisme, avec Adolescent, ce qui fait du partenariat avec la plasticienne Françoise Pétrovitch une nécessité qui se révèle une réussite. […] On se repaît de la narration, de la tendresse du regard d’adulte sur cette dure période. Charles-Antoine Catherine — Ballroom Revue

Avec les très beaux dessins épurés de Françoise Pétrovitch et la chorégraphie de Sylvain Groud basés sur d’excellentes musiques de Molécule qui semblent griffer la vie à chaque instant, la magnifique et très esthétique scénographie agrémentée par des lumières fort bien travaillées par Michaël Dez qui gère particulièrement bien le blanc et le rouge vif, Adolescent souligne tous les comportements inhérents à cette période si particulière des filles et des garçons. Sophie Lesort — Danser Canal Historique

Au crible des figures adolescentes de Françoise Pétrovitch, Sylvain Groud aborde l’extrême complexité de ces états de corps pluriels et protéiformes. Sur scène, des corps en tension, dont on saisit mal l’âge, jouent et déjouent les forces centripètes de l’intime et centrifuges du collectif. L’écriture chorégraphique met en tension tout à la fois besoin de singularisation et besoin d’appartenance au collectif pour exister ou pour survivre. Quoiqu’il arrive, à cette période de la vie, il s’agit de faire corps, avec un corps mouvant, insaisissable, le sien, et de faire corps avec l’Autre. Ainsi, la série d’aquarelles Les Supporters (2001-2003) de Françoise Pétrovitch, qui présente en portraits frontaux, de jeunes individus au visage effacé derrière un ralliement dont le tee-shirt porte le nom.

C’est le temps des métamorphoses, l’enclenchement de la mutation du corps. « Les excroissances poussent, elles sont visibles » dit Françoise Pétrovitch. Le corps grandit et l’enfant se déforme, irrémédiablement. C’est l’âge trouble qui fascine et façonne les civilisations, qui s’en saisissent par le rite de passage. C’est le temps du mime et de l’imitation, du jeu de rôle et des manipulations. Le visage s’évanouit derrière le masque. Transparence et roublardise. Dans Adolescent, la danse de Sylvain Groud, habituellement nue et dépouillée, sera manifestement plastique, dans une abstraction des corps pour mieux extraire le sens du mouvement. Perruques, gants, masques, de Françoise Pétrovitch pourraient bien venir jeter le trouble sur l’identification des corps des filles et des garçons, en les grimant d’aplats vifs.

Chacun sur son territoire, Françoise Pétrovitch et Sylvain Groud figurent des corps en présence, en posture, en action, qui nous poussent à nous mouvoir à notre tour. Ils interrogent les gestes, les griment parfois et les épuisent à l’infini, par le dessin ou par la danse. Ces deux artistes s’autorisent à aller partout et ce n’est pas leur première fois. Dans La Déclaration (2017) et Cordes (2008) de Sylvain Groud, les êtres s’affrontent et se télescopent, s’assimilent et se fondent, jusqu’au carambolage. Avec Chambre 209 (2011), il danse dans l’installation de Jonathan Loppin, ou fait appel au vidéaste Grégoire Korganow pour Memento Vivere (2015). Si Françoise Pétrovitch réfute toute notion de narration dans son travail, ses sujets sont toujours en posture et ses titres sont souvent des verbes d’action (Tenir debout, la Révérence, Rougir, se coiffer, le Geste, Etendus, Tenir). La danse est bien présente chez Françoise Pétrovitch. On retrouve dans ses dessins et la danse du chorégraphe cette immédiateté du geste, interrogé dans sa continuité et dans sa fin. Enfin, l’un et l’autre poursuivent un travail souterrain d’observation et de collecte d’histoires intimes. Une acuité sur le réel et le quotidien qui se retrouve dans la précision de ces gestes, qui n’attirent pas l’attention.

Marie Cherfils

Sylvain Groud

Diplômé du CNSMD de Paris, Sylvain Groud commence sa carrière aux côtés de Gigi Caciuleanu puis d’Angelin Preljocaj. Lauréat du Concours International de Paris avec sa première chorégraphie, il poursuit son travail de création autour de deux grands axes : les pièces in situ et la relation entre la musique et la danse. Avec sa compagnie MAD, il crée plus de 30 pièces entre 1994 et 2018. En 2018, Sylvain Groud est nommé à la direction du Ballet du Nord, Centre Chorégraphique National Roubaix Hauts-de-France et confirme son projet et son ambition avec la création du spectacle participatif Let’s Move ! et du duo Dans mes bras. En 2019, il crée Métamorphose avec 4 jeunes interprètes puis Adolescent à Roubaix. Cette dernière pièce pour 10 interprètes est née de sa collaboration avec la plasticienne Françoise Pétrovitch.

En 2020, en réaction à la crise sanitaire, il crée la pièce 4M2, labyrinthe chorégraphique et immersif, pour laquelle il imagine une scénographie radicale capable de s’adapter à de multiples contextes. Présentée en version plateau au Théâtre du Grand Bleu à Lille et au Phenix, Scène nationale de Valenciennes, la pièce est ensuite adaptée pour être jouée dans des espaces non dédiés à la danse : établissements scolaires, commerces, EHPAD. En parallèle, il imagine avec le vidéaste Léonard Barbier Hourdin plusieurs créations vidéos originales : Symbiose, réveil sur le terril avec la Mission Bassin Minier et Huis Clos avec le Musée Louvre-Lens dans le cadre du festival La beauté du geste. En novembre 2021, il présente deux créations : L’autre au Colisée à Roubaix et Lorsque l’enfant était enfant à L’Étoile à Mouvaux dans le cadre du Festival Les Petits Pas du Gymnase CDCN.

Françoise Pétrovitch

Née en 1964 à Chambéry, Françoise Pétrovitch vit à Cachan et enseigne à l’école Estienne à Paris. Attachée au livre et à l’immédiateté du dessin, elle pratique aussi la céramique, la peinture et la vidéo. Son œuvre est révélatrice d’une économie plastique marquée par la justesse et le refus du commentaire. « Si son art est tributaire de son époque, c’est à dire qu’il tient compte des conditions de sa reproductibilité mécanisée, son horizon demeure celui de la peinture – et d’une peinture qui, si elle se joue des frontières conventionnelles, outrepasse aussi les catégories temporelles ».

En 2008, une exposition lui est consacrée au Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne, et elle investit en 2011 le Musée de la Chasse et de la Nature à Paris. En 2014, le musée des beaux-arts de Chambéry lui a consacré une exposition personnelle, et en 2015, le LAAC de Dunkerque l’a invitée à exposer en regard des collections du musée et du Frac Nord-Pas-de-Calais. En 2016, une vaste rétrospective lui est consacrée au Frac PACA, au Château de Tarascon et à l’Espace pour l’Art à Arles. Ses œuvres figurent parmi les collections du MNAM-Centre Pompidou, du MAC/VAL, du musée d’art moderne de Saint-Étienne, du National Museum of Women in the Arts de Washington D.C (USA), du musée Leepa-Rattner à Tarpon Springs (USA), des Frac Haute-Normandie et Alsace.