Créé en 1991 Angels in America montre l’irruption du sida dans l’Amérique de Reagan. Si la pièce nous touche encore aujourd’hui c’est parce qu’elle est avant tout une histoire universelle d’errance et d’espoir.
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Tarif spécial à 4 € de 19h à 2h les soirs de représentation au parking Q-Park Liberté, place de la Liberté en réservant ici.
Aurélie Van Den Daele parle des personnages de Angels in America comme de vieilles connaissances : Roy Cohn l’avocat homosexuel et homophobe, juif et antisémite qui a conduit les époux Rosenberg à la chaise électrique ; Harper et Joe, couple mormon qui se shoote au valium et au mensonge ; Prior qui se bat contre le sida alors que son ami Louis le quitte ; Belize l’infirmier noir qui sauve les âmes, l’Ange de l’Amérique et bien d’autres… La metteuse en scène fait se croiser tous ces destins dans un non lieu, « le lieu de l’absence de lieu » disait Perec à propos d’Ellis Island. Ici un hangar ou un purgatoire gouverné par les démons et les anges de chacun des protagonistes. Dans ces espaces mentaux, réalité et imaginaire, raison et hallucination se côtoient. Cette façon de décompartimenter les cases que constituent les multiples lieux et situations, de circuler entre les genres et les registres impose tout le pouvoir de l’imaginaire. Malgré sa grande fantaisie, la pièce demeure très politique. Pandémie, climat, dislocation du bloc de l’Est, Tony Kushner a posé sur son époque un œil qui continue de regarder la nôtre. Pour lui « rien ne s’est mélangé » au pays de la liberté et il ne se fait pas davantage d’illusion que Michael Cimino qui en 1980 signait une charge violente contre le melting-pot américain dans La Porte du Paradis. Le cours de l’histoire actuelle semble donner raison à Kushner, mais son théâtre, par on ne sait quel miracle, garde foi en l’homme.
Texte Tony Kushner publié aux éditions L’avant-scène théâtre
Mise en scène Aurélie Van Den Daele
Avec Antoine Caubet, Émilie Cazenave, Gregory Fernandes, Julie Le Lagadec, Alexandre Le Nours, Sidney Ali Mehelleb, Pascal Neyron et Marie Quiquempois
Dramaturgie de la traduction Ophélie Cuvinot-Germain
Collaboration artistique Mara Bijeljac
Scénographie Chloé Dumas
Création lumière et vidéo Julien Dubuc – INVIVO
Création sonore Grégoire Durrande – INVIVO
Costumes Laetitia Letourneau et Elisabeth Cerqueira
Régie générale, vidéo et lumière Victor Veyron et Arthur Petit
Régie son Grégoire Durrande en alternance avec Anaïs Ansart
Diffusion Gabrielle Dupas
Production Théâtre de l’Union – CDN du Limousin
Coproduction Théâtre de l’Aquarium / Théâtre de Rungis / La ferme de Bel Ebat-Théâtre de Guyancourt / Groupe des 20 théâtres en Île-de-France
Avec l’aide d’ARCADI, de l’ADAMI, de la SPEDIDAM, du ministère de la Culture — DRAC Île-de-France
Avec le soutien de la Mairie de Paris et de Deug Doen Group
Photos © Thierry Laporte
Texte © Frédéric Maria
Aurélie Van Den Daele signe une belle mise en scène, intelligente et profonde, esthétiquement très réussie [ … ] Avec un casting de qualité. Frédéric Martel — France Culture
L’intrigue d’Angels in America est si intelligemment articulée et les personnages si bien dessinés qu’on ne sent pas passer les quatre heures et demie de représentation […] Bravo à François Rancillac d’avoir choisi pour artiste associée Aurélie Van Den Daele, metteure en scène promise à un grand avenir. Jacques Nerson — Le Nouvel Observateur
Angels in America est une pièce passionnante et captivante grâce au rythme d’une mise en scène qui sait révéler, avec équilibre et esthétique, les histoires de personnages aussi complexes. Cristina Catalano — INFERNO
Le texte détonnant de Tony Kushner Angels in America, mis en scène par Aurélie Van Den Daele chamboule les cœurs, prend aux trippes et marque les esprits. Morgane Mallet — Mow Press
D’aucun.e.s diront que c’est fou de présenter une pièce de 5 heures. Que désormais il faut faire court et séparé, parce que les fléaux nous tombent dessus comme les glaces fondent au soleil.
C’est vrai que c’est dingue.
Mais que voulez-vous, je suis dingue de cette pièce… de sa folie, de sa passion, de son mélange des registres. Je suis dingue de cette aventure avec ces personnages qui cherchent et vibrent dans l’Amérique des années 80. Qui résonne toujours et encore un peu plus comme « ce grand melting pot où rien ne s’est mélangé ».
Ils et Elles nous ont accompagnés comme de vieux ami.e.s qui nous collent à la peau : Roy Cohn, l’avocat homosexuel et homophobe, juif et antisémite qui a défendu Trump dès la première heure ; Harper et Joe, le couple mormon shooté au valium ou au mensonge ; Prior le malade du sida, qui se débat alors que son ami Louis le quitte ; Belize, l’infirmier qui sauve les âmes, l’Ange, la femme du Bronx et bien d’autres…
En conversant récemment, je découvre que l’auteur Edouard Louis parle d’Angels in America dans son dernier livre Changer : méthode. Il dit que c’est une des premières pièces qu’il a vues, et qu’elle a changé sa vie. Plus bas, vous pouvez lire ses mots.
C’est ce que j’ai ressenti de nombreuses fois quand on jouait : ce sentiment que la pièce touche dans nos cellules à ce que nous sommes, nous humain.e.s déraisonnables. Qu’elle porte et qu’elle aide. Qu’elle fait rire et pleurer. Qu’elle réunit.
Il y a 6 ans, j’ai monté Angels in America parce que c’était ma seule manière de crier qu’on ne doit plus mourir du sida en 2015. Que cette chose, à laquelle j’avais assisté, je ne voulais plus jamais la revoir.
6 ans plus tard, le changement de paysage est total, mais il y a tellement de résonnances.
Le virus qui sévit n’est pas le même. C’est un virus de classe. Qui abat et sépare. Avec des pays qui vaccinent, et d’autres qui meurent en silence. Avec des êtres qui s’éloignent et qui se cherchent. Et des anges qui nous soufflent que la planète halète. Comme dans la scène finale où les anges regardent les humains se débattre sur fond de nuage de Tchernobyl. Alors Prior, le héros, dit à la toute fin de la pièce « Je veux encore de la vie, je veux encore de la vie ». Et ces mots me hantent passionnément.
Nous aussi, nous voulons encore de la vie, de la vie.
Aurélie Van Den Daele
Parmi les pièces de Tony Kushner on trouve Bright Room, Angels in America, Slaves ! ou les éternels problèmes posés par la vertu et le bonheur, Homebody/Kaboul, la comédie musicale Caroline or Change et l’opéra A Blizzard on Marblehead Neck tous deux écrits avec la compositrice Jeanine Tesori, ainsi que The Intelligent Homo-sexual’s Guide To Capitalism And Socialism With A Key To The Scriptures (litt. Guide de l’homosexuel intelligent en présence du capitalisme et du socialisme avec la clef des Écritures).
Tony Kushner a adapté et traduit L’Illusion comique de Corneille, Le Dibbouk d’Anksy, La Bonne âme du Setchouan et Mère courage et ses enfants de Brecht et le livret de l’opéra Brundibar de Hans Krasa. Il a écrit les scénarios des films Angels In America réalisé par Mike Nichols et Munich et Lincoln réalisés par Steven Spielberg. Parmi ses ouvrages publiés on trouve Brundibar illustré par Maurice Sendak, The Art of Maurice Sendak : 1980 to the Present (litt. L’art de Maurice Sendak : de 1980 à nos jours) et Wrestling With Zion: Progressive Jewish-American Responses to the Palestinian/Israeli Conflict (litt. Lutter avec Zion : réponses progressives des juifs américains au conflit israélo-palestinien) écrit avec Alisa Solomon.
Il a reçu, entre autres, le prix Pulitzer, deux Tony Awards, trois Obie Wawards, deux Evening Standard Awards, un Olivier Award, un Emmy Award , deux nominations aux Oscars et le Steinberg Distiguished Playwright Award. En 2012, le président Barack Obama lui a remis la National Medal of Arts (médaille nationale des arts). Il vit à Manhattan avec son époux, Mark Harris.
Après une formation de comédienne, Aurélie Van Den Daele décide de suivre son désir d’exclusivement mettre en scène. En 2011, elle intègre la formation à la mise en scène au CNSAD, qui lui permet d’approfondir et de théoriser une pratique acquise lors d’assistanats de spectacles, avec Antoine Caubet, François Rancillac, Quentin Defalt. En 2014, François Rancillac, directeur du Théâtre de l’Aquarium lui propose d’être artiste associée jusqu’en 2018. En 2015, Yoann Lavabre, directeur de la Ferme de Bel Ebat lui propose d’être artiste associée jusqu’en 2018.
Dans ces deux lieux, elle crée ou présente ses spectacles :
– Le diptyque Avant l’oubli, se retrouver composé de deux pièces contemporaines : Peggy Pickit voit la face de Dieu de Roland Schimmelpfennig et Dans les veines ralenties, d’Elsa Granat, d’après Cris et Chuchotements d’Ingmar Bergman. Le diptyque explore sur le fond les mécanismes de l’incommunicabilité et sur la forme les liens entre théâtre et cinéma.
– Angels in America de Tony Kushner, épopée de 5h sur l’arrivée du sida, en 1980, dans l’Amérique de Ronald Reagan. Le spectacle en plus des deux partenaires historiques, a été joué au Théâtre de Rungis, (également coproducteur du spectacle) et à la Nacelle à Aubergenville. Le spectacle a tourné dans différents théâtres : Théâtre de la Croix Rousse à Lyon, Théâtre Sorano à Toulouse, La faïencerie à Creil et le CDN de Montluçon, au Théâtre de l’Aquarium à Paris.
– Métamorphoses d’après Ovide et Ted Hughes.
Chacun des spectacles explore à sa manière le rapport à l’Histoire et la transposition théâtrale d’une mise en perspective. Dans ces deux lieux, elle a mené également un important travail de transmission.
En juillet 2021, elle est nommée à la direction du Théâtre de l’Union – Centre Dramatique National du Limousin et de l’Académie de l’Union – École Supérieure Professionnelle de Théâtre du Limousin.