Daddy
Théâtre

Daddy

Marion Siéfert — Matthieu Bareyre

Pièce spectaculaire tant dans le fond que dans la forme grâce à une mise en scène singulière mêlant théâtre et jeu vidéo, les comédiens nous emmènent dans le métavers. Un univers dangereux dans lequel l’abus est possible. Un vrai coup de coeur !

Daddy
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Lieu
  • Le Liberté
  • Salle Albert Camus
Accessibilité
  • Pour tous
    • dès 16 ans
    • Certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes
  • Dates Durée 3h
  • jeudi 14 novembre 2024 20:00
  • vendredi 15 novembre 2024 20:00
Tarifs
  • Plein tarif 30 €
  • Tarif adulte avec la carte Châteauvallon-Liberté 20 €
  • Tarif partenaire (CSE et Associations culturelles partenaires) 20 €
  • Tarif - 30 ans 15 €
  • Tarif - 18 ans 10 €
  • Tarif solidaire 5 €

Avec la Carte Châteauvallon-Liberté, votre 6ème place de spectacle est offerte !

Informations pratiques

Mara a 13 ans. Comme beaucoup de personnes de son âge, elle s’évade dans des jeux en ligne où des dizaines de gamers se rencontrent quotidiennement. Un jour, elle y croise Julien (27 ans). Il mène la vie qui la fait rêver, s’intéresse à elle et lui  propose de l’aider à réaliser son rêve : devenir actrice. Il l’entraîne dans un autre jeu, « Daddy », dont le caractère révolutionnaire tient au fait qu’on y va avec son vrai corps. Parrainée par Julien, son « daddy », Mara se retrouve prise dans l’engrenage infernal d’un monde sans limite. Grâce à une écriture qui tient à la fois de Shakespeare et du thriller, cette pièce impressionnante et très actuelle explore  les mécanismes de prédation à l’heure du virtuel.

Texte Marion Siéfert et Matthieu Bareyre
Mise en scène Marion Siéfert
Avec Émilie Cazenave, Lou Chrétien-Février, Jennifer Gold, Lila Houel et Charles-Henri Wolff

Le texte d’Ayla est tiré d’un écrit d’Anna Jammes Etcheto
Conception scénographie Nadia Lauro
Lumières Manon Lauriol
Création sonore Jules Wysocki
Création vidéo Antoine Briot
Création costumes Romain Brau (pour les robes de Lila Houel et les tenues de Jennifer Gold), Chloé Courcelle (pour le top de Lorenzo Lefebvre), Anne Pollock et Valentine Solé
Création maquillages Dyna Dagger et Lou Thonet
Création perruques Kevin Jacotot
Assistanat à la mise en scène Mathilde Chadeau
Régie générale Chloé Bouju
Régie Plateau et accessoires Marine Brosse
Régie Son Patrick Jammes
Régie Costumes Chloé Courcelle
Collaboration aux chorégraphies comédie musicale Patric Kuo
Collaboration aux castings Leila Fournier, Laetitia Goffi
Chorégraphie de combat Sifu Didier Beddar
Musicienne Sigolène Valax
Coaching vocal Lila Houel Johanne Cé sar
Coaching jeu Lila Houel Ariane Schrack
Accompagnement en clinique et psychodynamique du travail des comédiennes mineures Marie Potiron
Réalisation scénographie Nadia Lauro, Marie Maresca, Charlotte Wallet (sculptures) Flavien Renaudon (machines neige), Isabelle Boitiere (tapisserie), Marc Bizet (vol)
Réalisation costumes Chloé Courcelle, Lou Thonet
Montage de production Anne Pollock

Production Ziferte Productions
Coproductions Cndc – Angers / Odéon-Théâtre de l’Europe / Le Parvis – scène nationale Tarbes- Pyrénées / La Rose des Vents – scène nationale Lille Métropole / Villeneuve d’Ascq / Théâtre national Wallonie-Bruxelles / TAP – Théâtre auditorium Poitiers / Théâtre Olympia – centre dramatique national de Tours / Maillon – Théâtre de Strasbourg – scène européenne / Points Communs – nouvelle scène nationale de Cergy- Pontoise / Théâtre de Cornouaille – scène nationale de Quimper / La Commune – centre dramatique national d’Aubervilliers / Kunstencentrum Viernulvier – Gand / Célestins – Théâtre de Lyon / Le lieu unique – scène nationale de Nantes / Le Domaine d’O – Montpellier / Théâtre national de Bretagne – Rennes / Théâtre Nanterre Amandiers — CDN pour la réalisation du décor
Accueils en résidence La Commune CDN Aubervilliers, Cndc – Angers, CND – Pantin, Théâtre de Sartrouville Yvelines – CDN

Avec le soutien de la Région Ile-de France et de la Drac Ile-de-France

Photos © Matthieu Bareyre
Texte © Vanessa Asse

Qu’est-ce qui est à l’origine de Daddy ?

L’origine est multiple. J’ai été très proche d’une personne qui a été abusée enfant. Quand on côtoie quelqu’un qui a vécu ce traumatisme, on côtoie l’abus et ses conséquences, tous les dérèglements que ça produit, les incapacités, les difficultés relationnelles. Et cette colère immense, qui rejaillit parfois de manière totalement inexpliquée pour quelqu’un d’extérieur. On côtoie tout un ensemble de signes qui, au début, restent opaques, mais qui, à partir du moment où j’ai commencé à travailler sur cette question, ont commencé à faire sens. Daddy vient d’un besoin de comprendre et de remonter à l’origine de cette violence. Une autre origine de la pièce est l’envie de mettre en scène un rapport de classes, dans la France contemporaine.

Pouvez-vous revenir sur le phénomène des « sugar daddys », auquel le titre du spectacle fait référence ?

Le phénomène des sugar daddys désigne un type de relation numérique mercantile, dans lequel des hommes, plus âgés et plus fortunés, payent des choses à des femmes plus jeunes et souvent mineures, rencontrées sur Internet, en échange de services très flous et souvent sexuels. La relation suit fréquemment un crescendo, depuis le simple fait de faire faire quelque chose à la jeune fille (esquisser un geste, essayer un habit, dire certaines phrases, aller au restaurant) jusqu’à la prise de contrôle total de son corps. C’est très répandu, ça touche énormément de gens. Les filles y trouvent une façon de se faire payer des vêtements, ou même, dans le cas d’étudiantes par exemple, des loyers.

Comment le processus d’écriture s’est-il déroulé ?

Comme toujours dans mon travail, le début du processus de création est documentaire. Je me suis d’abord lancée dans une enquête, en suivant différentes directions. J’ai d’abord eu besoin de recueillir les témoignages de personnes qui ont vécu un abus, enfants, d’entendre ces récits que pas grand monde ne veut écouter. Ça a été très fort car j’ai été, dans certains cas, la première personne à recueillir cette parole, et je remercie toutes celles et ceux qui m’ont confié une partie de leur histoire. J’ai également rencontré des personnes qui sont aux prises avec ces questions dans leur travail ou dans leur engagement militant, des psychologues mais aussi des collectifs de citoyens qui repèrent les pédocriminels sur Internet. Il y a eu un long travail d’enquête autour du virtuel, du Metaverse, des jeux vidéo en ligne. C’est en nous intéressant aux formes contemporaines que prend l’abus sexuel sur les enfants et adolescents que nous avons eu l’idée, avec Matthieu Bareyre, co-auteur de la pièce et collaborateur artistique depuis toujours, de situer notre fiction dans un jeu vidéo. Nous avions l’intuition forte que cela allait réveiller une théâtralité profonde, tout en nous donnant une grande liberté formelle et fictionnelle. À partir de ce moment-là, nous avons pu commencer à écrire et à dessiner les personnages.  À cela s’est ajouté le travail avec les acteurs, qui se sont emparés des personnages, nous ont fait part de leurs réflexions et de leurs questions.

Propos recueillis par Raphaëlle Tchamitchian, le 25 janvier 2023

Daddy est un spectacle aussi fascinant que le sont certains chefs-d’œuvre, où les mots ne seront jamais à la hauteur de l’émotion qui vient de nous être offerte. Bouleversant. RTBF

On ne connaît pas beaucoup d’artistes dont chaque nouveau spectacle est à la fois ultra précisément écrit et l’invention d’un nouveau dispositif, brèche et loupe sur le temps présent et l’extrême jeunesse. On n’en connaît pas beaucoup, dont 100% des créations nous ont enthousiasmées collectivement. A vrai dire, on n’en connaît qu’une, Marion Siéfert. Libération 

Metteuse en scène connectée, Marion Siéfert ausculte adolescence et féminité à travers les mondes virtuels, thèmes fondateurs de son théâtre. Portrait d’une autrice au regard affûté. Les Inrockuptibles 

Marion Siéfert est autrice, metteuse en scène et performeuse. Son premier spectacle, en 2016, 2 ou 3 choses que je sais de vous, fait le portrait du public à travers les profils Facebook des spectateurs.

En 2017, Marie-José Malis et Frédéric Sacard l’associent au théâtre de La Commune – centre dramatique national d’Aubervilliers. Elle y présente Le Grand Sommeil, avec la performeuse Helena de Laurens qui se glisse dans la peau d’une enfant pour interroger la violence du monde des adultes et les idées reçues sur ce que “doivent être” les petites filles. Le spectacle est programmé au Festival d’Automne, en 2018.

En mars 2019, Marion Siéfert crée, toujours à La Commune, Pièce d’actualité n°12 : DU SALE!, rencontre entre le théâtre et le hip-hop, avec la rappeuse Laetitia Kerfa aka Original Laeti et la danseuse de popping Janice Bieleu. Pour cette pièce, la metteuse en scène reçoit le Grand Prix du jury au Festival européen Fast Forward. Avec sa création _jeanne_dark_, elle retrouve Helena de Laurens interprétant cette fois une adolescente qui, enfermée dans sa chambre, prend la parole et se raconte en live sur les réseaux sociaux. Créé à l’édition 2020 du Festival d’Automne à Paris, c’est le premier spectacle pensé simultanément pour le théâtre et pour Instagram. Il obtient le Prix numérique du Syndicat professionnel de la critique de théâtre, de musique et de danse avec une mention spéciale. Depuis 2021, Marion Siéfert est également artiste associée au Centre national de danse contemporaine d’Angers et au Parvis – scène nationale de Tarbes-Pyrénées. Cette saison, parallèlement à la création de Daddy, elle a aussi mis en scène un volet de Pièce d’actualité n°16 : Güven, co-créé avec Maxime Kurvers et Marie-José Malis à La Commune.

Elle travaille, par ailleurs, sur tous les films de l’auteur et réalisateur Matthieu Bareyre, son collaborateur artistique sur plusieurs de ses spectacles. Elle a ainsi participé avec Rose-Marie Ayoko Folly à l’écriture de son dernier film Le Journal d’une femme nwar, prochainement diffusé sur Arte.