Pendant près de 20 ans, un révérend américain a retranscrit les sons des oiseaux nichés dans le jardin de sa défunte épouse. De ces partitions, l’auteur de Tous les matins du monde, Pascal Quignard, en a fait un roman. Pour sa dernière création, la comédienne et metteuse en scène Marie Vialle a choisi de donner vie à ce récit.
Tarif spécial à 4 € de 19h à 2h les soirs de représentation au parking Q-Park Liberté, place de la Liberté en réservant ici.
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Après la disparition de sa femme morte en couches, Simeon passe tout son temps dans ce jardin qu’elle a pensé et planté. De cette retraite solitaire, extrême et radicale, il en fait une occasion d’observer la beauté et en extrait une musique consignée sur papier au fil des années. « Encore plus que la musique, c’est l’attention extrême portée aux sons, à l’observation innocente des oiseaux, de la nature, des saisons, des heures, des brins d’herbe, des gouttes d’eau, du monde lui-même » qui a bouleversé Marie Vialle. Dans cette cinquième pièce écrite à quatre mains avec Pascal Quignard, un dialogue père/fille s’instaure autour d’un chant, celui du « jardin-paradis ». Entre textes, sons et chants, extraits du roman de Quignard et de l’œuvre initiale de Simeon Peace Cheney, les deux comédiens face à face écrivent les partitions d’une relation qui s’invente autour d’un langage musical ; « une résonance se crée et laisse les chemins d’amour se poursuivre ».
Conception et mise en scène Marie Vialle
D’après le roman Dans ce jardin qu’on aimait de Pascal Quignard
Adaptation David Tuaillon et Marie Vialle
Avec Laurent Poitreneaux et Marie Vialle
Scénographie et costumes Yvett Rotscheid
Son Nicolas Barillot
Création lumière Joël Hourbeigt
Travail vocal et musical Dalila Khatir
Construction du décor Pascal Brodin et son équipe, Ateliers du Théâtre national de Nice – Max Alfandari
Interprétation libre des partitions de Simeon Pease Cheney Pascal Quignard
Régie générale et lumière Antoine Seigneur en alternance avec Fabrice Barbotin
Photo de la chouette Marc Blanchet
Chargée de production Ysore Bonnardel
Production Compagnie Sur le bout de la langue / Théâtre du Bois de l’Aune, Aix en Provence
Coproduction Châteauvallon-Liberté, scène nationale / Théâtre National de Nice / Festival d’Avignon / La Comète – Scène nationale de Châlons en Champagne / Théâtre du Bois de l’Aune – Aix en Provence / Les Célestins – Théâtre de Lyon / Théâtre Garonne – Scène européenne de Toulouse / Comédie de Picardie – Scène conventionné d’Amiens
Avec le soutien du ministère de la Culture — DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, des Activités sociales de l’Energie, du CENTQUATRE-PARIS, du Théâtre de la Bastille, Paris, du Théâtre de l’Odéon, Paris et du Théâtre de la Coline, Paris
Remerciements à Éric Didry
Avec l’aide de Sylvie Cruguet, François Chattot et Martine Schambacher
Photos © Jean-Louis Fernandez
Texte © Marie Minair
Pour cette cinquième collaboration avec Pascal Quignard, Marie Vialle déroule le fil, d’hier à aujourd’hui, d’un récit émouvant, qui fait entendre la beauté d’une langue littéraire à travers les portraits d’êtres solitaires dévoués à la création. Théâtre Contemporain
Cela fait quinze ans que je travaille avec Pascal Quignard.
Le Nom sur le bout de la langue.
Triomphe du Temps.
Princesse Vieille Reine.
La Rive dans le noir.
Dans ce jardin qu’on aimait est notre cinquième pièce.
La pièce met face à face une actrice et un acteur. Cette histoire d’amour est aussi une histoire de séduction. J’ai poursuivi l’adaptation que Pascal Quignard et moi avions faite, en y insérant les récits d’écoute et les partitions d’oiseaux que j’ai extrait du livre de Simeon Peace Cheney . Ils seront interprétés par la fille tout au long de la pièce. La résonance des deux textes permet aussi à Simeon Peace Cheney d’apparaître autant dans son expérience radicale de solitude que dans la plénitude de sa disponibilité, de son ouverture et de son attention au monde.
Encore plus que la musique, c’est l’attention extrême portée aux sons, à l’observation innocente des oiseaux, de la nature, des saisons, des heures, des brins d’herbe, des gouttes d’eau, du monde lui-même qui m’a bouleversée et que je cherche à rendre sensible. L’artiste n’est pas au centre de la création, mais se retire au plus loin, au plus profond de sa solitude pour laisser le monde irradier, éclater de toute sa splendeur, de toute son intensité. Ce mouvement d’humilité et de radicalité me trouble et m’étonne.
Si Simon est dans le temps fixe et immobile du deuil, du jardin clos, et de l’écoute, sa fille, elle, est mobile et traverse les temps – celui du présent de l’adresse et celui flottant de la fiction – et les espaces, faisant des allers-retours entre le monde et le jardin clos. Rosemund, rejetée par son père, traversant ses propres chemins de solitude, ouvre, apporte au monde l’œuvre de son père. Prise par cette obsession, cette tâche – faire connaître à tout prix la musique de son père – elle se réinvente. Elle chante. Elle devient elle-même oiseau.
Enfin, le père et la fille, au-delà de la violence de leur rapport, font œuvre commune.
Aux côtés de leurs échanges verbaux, un langage musical opère. Un langage d’oiseaux se crée, une partition s’invente, une écoute commune s’intensifie, une résonance se crée et laissent les chemins d’amours se poursuivre.
Even inanimate things have their music. Listen to the water dropping from a faucet into a bucket partially filled.
Même les choses inanimées ont leur musique. Veuillez prêter l’oreille à l’eau du robinet qui goutte dans le seau à demi plein. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! Il n’y a pas que les oiseaux qui chantent !
Voilà ce qui m’importe.
Marie Vialle
De la scène au cinéma, il n’y a qu’un pas pour Marie Vialle, qui a fait ses armes dans les mises en scène de Didier Bezace, Luc Bondy, Alain Françon, Jean-François Sivadier, André Engel ou David Lescot, comme dans les films Les Inséparables de Christine Dory, Julie est amoureuse de Vincent Dietschy, La Parenthèse enchantée de Michel Spinosa ou encore Ulysse et Mona de Sébastien Betbeder.
Elle met en scène et interprète Le Nom sur le bout de la langue de Pascal Quignard. S’en suit une complicité avec l’écrivain et la signature de trois mises en scène de ses textes, dont La Rive dans le noir au Festival d’Avignon en 2016. Elle a écrit mis en scène et interprétée Les Vagues les amours c’est pareil d’après C’est de l’eau un discours de David Foster Wallace, elle est également artiste associée au CentQuatre-Paris. Elle travaille actuellement à l’adaptation de Dans ce jardin qu’on aimait de Pascal Quignard pour une prochaine mise en scène qui sera présentée au Festival d’Avignon en juillet 2022.