Débandade
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Débandade

Olivia Grandville

Sur scène, Olivia Grandville invite sept danseurs aux origines culturelles et parcours artistiques différents, tous nés dans les années 1990, à interroger leur perception de la masculinité. En choisissant de leur tendre joyeusement le micro, elle met en mouvement ces différents récits en rentrant dans leur intimité.

Débandade
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Débandade
Lieu
  • Le Liberté
  • Salle Albert Camus
Accessibilité
  • Pour tous
    • dès 13 ans
    • Garde d'enfants
  • Dates Durée 1h30
  • samedi 30 novembre 2024 20:00
Tarifs
  • Plein tarif 30 €
  • Tarif adulte avec la carte Châteauvallon-Liberté 20 €
  • Tarif partenaire (CSE et Associations culturelles partenaires) 20 €
  • Tarif - 30 ans 15 €
  • Tarif - 18 ans 10 €
  • Tarif solidaire 5 €

Avec la Carte Châteauvallon-Liberté, votre 6ème place de spectacle est offerte !

Informations pratiques

On retrouve dans Débandade le goût prononcé d’Olivia Grandville pour le polymorphisme de la danse. Une pièce à l’image de cette artiste inclassable qui a fait le grand saut de l’Opéra de Paris vers la danse contemporaine avec la compagnie de Dominique Bagouet. Au son d’une playlist allant d’Elvis Presley à Missy Elliot, les sept interprètes partagent des histoires, témoignages et ressentis avec ironie. Et font voler en éclats une myriade de stéréotypes.

Conception Olivia Grandville
Chorégraphie Olivia Grandville et les interprètes
Interprètes Habib Ben Tanfous, Jordan Deschamps, Martin Gìl, Ludovico Paladini, Matthieu Patarozzi, Matthieu Sinault, Eric Windmi Nebie et Jonathan Kingsley Seilman ou Antoine Bellanger
Création sonore Jonathan Kingsley Seilman
Création vidéo et regard extérieur César Vayssié
Création lumière Titouan Geoffroy et Yves Godin
Scénographie James Brandily
Costumes Marion Régnier
Collaboration Aurélien Desclozeaux et Rita Cioffi
Régie plateau et vidéo Titouan Geoffroy
Régie son Thibaut Pellegrini
Régie lumière Sébastien Vergnaud

Production Mille Plateaux, CCN La Rochelle
Partenaires Le lieu unique (Nantes) / Chorège – CDCN (Falaise) / Les Subs (Lyon) / le CCN de Rillieux-la-Pape, direction Yuval PICK, dans le cadre du dispositif Accueil-Studio / Charleroi danse, Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles / La Place de la danse, CDCN de Toulouse-Occitanie / Les Quinconces et L’Espal, scène nationale du Mans / TAP-Théâtre Auditorium de Poitiers / CNDC d’Angers / CCN de Nantes / CCN2 Grenoble.

Avec le soutien du CCN de Caen en Normandie – direction Alban Richard, du SEPT CENT QUATRE VINGT TROIS (Nantes)
Avec l’aide du Conseil départemental de Loire-Atlantique et de la Région des Pays de la Loire.

Photos © Marc Domage
Texte © Vanessa Asse

« J’aimerais que Débandade se situe quelque part entre la comédie musicale, le micro-trottoir, le stand-up et le rituel d’exorcisme. »

En 2019, à l’invitation du TAP à Poitiers, du CND de Paris et du CCN de Montpellier, j’ai eu l’occasion de travailler avec plusieurs groupes d’étudiants de dix-huit à vingt-cinq ans. La pièce, Nous vaincrons les maléfices, qui est née de ce travail se retourne vers les utopies des années 1970 avec les yeux de la jeunesse d’aujourd’hui, marquée par la menace de l’effondrement écologique. Le point de départ en est le documentaire de Michael Wadleight, Trois jours de paix et de musique, consacré au mythique rassemblement de Woodstock. En surimpression de la bande-son qui tient le rôle de fil rouge dramaturgique, les prises de parole des étudiants questionnent celles, de leurs aînés quant aux dérives d’une société capitaliste qu’ils ont largement contribuer à valider. Cette expérience éclairante a renforcé ma curiosité envers cette génération née avec le siècle et qui le questionne si bien ; elle a aussi jeté les bases d’un processus que j’aimerais poursuivre ici.

Pourquoi une pièce d’hommes ? D’autant plus s’il s’agit de questionner un régime d’assignation largement remis en cause aujourd’hui ? En rencontrant tout ce panel de jeunes danseurs d’origines culturelles très diverses et en travaillant avec eux, m’est apparu au travers d’une fluidité des genres pleinement incorporée, une multiplicité et une complexité de points de vue, incarnés dans les corps eux-mêmes, que j’ai eu envie de questionner. J’ai tenté, très timidement d’abord, de les interroger sur la manière dont ils vivent leur masculinité aujourd’hui. Spécifiquement en tant que danseurs contemporains, partageant un milieu commun, depuis des expériences géographiquement et culturellement très éloignées. La réaction a été immédiate, révélant un manque et un besoin réels de poser des mots sur ce trouble dans le genre, qui tous les occupent à des échelles et selon des points de vue parfois diamétralement opposés.

En un mot, dans un contexte de résurgence d’un féminisme salutaire, mais très offensif, j’ai eu envie de leur demander comment ils allaient. Car non, je ne crois pas que la question soit simple et simplement résolue par des positions politiquement correctes, comme aucunes de celles qui questionnent les représentations du pouvoir, sachant que c’est toujours bien lui, le pouvoir et les monstres qu’il engendre, qui sont à questionner. Est né alors ce projet d’une pièce exclusivement masculine. Une pièce d’hommes pensée par une femme, une pièce transgénérationnelle, une pièce qui parlerait au féminin depuis des points de vue et des ressentis masculins.

Olivia Grandville saisit avec éclat la masculinité contemporaine dans une forme plurielle d’une très stimulante tonicité. Les Inrockuptibles

Sous le regard aiguisé de la chorégraphe Olivia Grandville, sept hommes composent une œuvre subversive. L’Humanité

Une pièce qui aborde la virilité avec grâce et humour. Télérama

Formée à l’Opéra de Paris (elle y danse de 1981 à 1988), Olivia Grandville s’oriente très vite vers la danse contemporaine. Entre 1983 et 1988, elle a l’opportunité de traverser, outre le répertoire classique, des oeuvres de Balanchine, Limon, Cunningham, de participer aux créations de Alvin Ailey, Karole Armitage, Maguy Marin, Dominique Bagouet, Bob Wilson… Elle quitte cette maison – faute de pouvoir la changer de l’intérieur – pour rejoindre la compagnie de Dominique Bagouet (1988). Pendant quatre ans, elle s’imprègne de son écriture virtuose, précise et teintée d’humour. Puis à la mort du chorégraphe en 1992, elle co-fonde, avec plusieurs interprètes de la compagnie, Les Carnets Bagouet qui s’est donné pour but de conserver et transmettre l’héritage de ce chorégraphe.

Déjà chez Bagouet, la danseuse amorçait ses premiers Olivia Grandville projets de chorégraphe ; elle s’y consacrera ensuite tout au long de sa carrière. Difficile de résumer en quelques mots la direction de cette artiste guidée par diverses expérimentations, son esthétique a quelque chose d’insaisissable, d’inclassable. Elle ose mêler les disciplines ou encore s’attaquer à des sujets denses et complexes, parfois clivants, comme le lettrisme et Isidore Isou dans Le Cabaret discrépant en 2011, l’écriture complexe des Ryoanji de John Cage qu’elle met en danse en 2012 ou l’hommage qu’elle rend à la culture amérindienne à travers À l’Ouest en 2018.

Aussi habituée aux soli, à l’instar du Grand jeu dialogue avec le cinéma de John Cassavetes – qu’aux pièces pour de grands groupes – comme Foules en 2015, qui mobilisait une centaine d’amateurs – elle tisse toujours des liens étroits entre texte et chorégraphie. Plusieurs de ses spectacles ont une relation directe avec la littérature : L’Invité mystère (2014), mis en scène à partir d’un texte de Grégoire Bouillier, Toute ressemblance ou similitude (2015) basé sur un texte d’Aurore Jacob ou La guerre des pauvres (2021), adapté du roman d’Éric Vuillard. La parole fait aussi souvent irruption, la preuve avec Klein (2020), basée sur la conférence Le dépassement de la problématique de l’art, d’Yves Klein ou Débandade (2021), qui livre les récits de sept jeunes hommes pour exprimer leur rapport à la masculinité.

À partir de 2011, Olivia Grandville est installée à Nantes, elle devient artiste associée du lieu unique, scène nationale, de 2017 à 2022. Elle y développe des dispositifs à danser comme le Koréoké (karaoké chorégraphique) et le principe de théâtre d’opérations chorégraphiques (Le Dance-Park en 2019, en collaboration avec Yves Godin). À ce moment, elle mène des projets de grande ampleur, notamment Jour de colère (2019), pour vingt-et-un interprètes du Ballet de Lorraine et débute une recherche autour des utopies, à l’occasion du cinquantième anniversaire de Woodstock, avec un groupe d’étudiants qui deviendra ensuite la création Nous vaincrons les maléfices (2020). Ce projet est le point de départ de la réflexion autour de Débandade. En 2022, elle prend la direction du CCN de La Rochelle. La chorégraphe compte y insuffler son goût pour le polymorphisme de la danse, à l’image de son parcours.