Dom Juan
Théâtre

Dom Juan

Molière — Macha Makeïeff

Après Tartuffe, Macha Makeïeff s’empare d’un second chef-d’œuvre de Molière, Dom Juan. Elle glisse l’intrigue du XVIIe au XVIIIe siècle. Et nous voilà dans une atmosphère sadienne, libertine et transgressive.

Dom Juan
Dom Juan
Dom Juan
Dom Juan
Dom Juan
Dom Juan
Dom Juan
Lieu
  • Le Liberté
  • Salle Albert Camus
Accessibilité
  • En famille
    • dès 14 ans
  • Dates Durée 2h30
  • mercredi 25 septembre 2024 20:00
  • jeudi 26 septembre 2024 20:00
  • vendredi 27 septembre 2024 20:00
  • samedi 28 septembre 2024 20:00
Tarifs
  • Plein tarif 30 €
  • Tarif adulte avec la carte Châteauvallon-Liberté 20 €
  • Tarif partenaire (CSE et Associations culturelles partenaires) 20 €
  • Tarif - 30 ans 15 €
  • Tarif - 18 ans 10 €
  • Tarif solidaire 5 €

Avec la Carte Châteauvallon-Liberté, votre 6ème place de spectacle est offerte !

Informations pratiques

Il y a dans l’air comme une odeur de lit défait.
Dans son appartement, Dom Juan, le cheveu hirsute, la chemise froissée, traîne, comme reclus. Il a trahi, abandonné. Va-t-il se repentir ? Loin de là. Dom Juan a le sens du chiffre, de la comptabilité cynique de ses conquêtes. Il porte le masque de l’hypocrisie avec virtuosité.

Avec Sganarelle, ils s’apprécient autant qu’ils se détestent. Le valet et le maître, superbement interprétés par Xavier Gallais et Vincent Winterhalter, sont dans un rapport de domination à la fois drôle et caustique. Tandis qu’Elvire, meurtrie, va aller au-delà de son chagrin et se rebeller.

Macha Makeïeff nous propose ici une lecture nouvelle de cette grande comédie. Elle y interroge subtilement la place des femmes dans l’Ancien Régime et fait résonner ce sujet avec notre époque.

Coproduction Châteauvallon-Liberté

Texte Molière
Mise en scène, décor, costumes Macha Makeiïeff
Avec Xavier Gallais (Dom Juan), Vincent Winterhalter (Sganarelle), Irina Solano (Elvire, le spectre), Pascal Ternisien (Dom Luis, Monsieur Dimanche), Jeanne-Marie Lévy (Une libertine, Musicienne, mezzo-soprano), Xaverine Lefebvre (Charlotte, Libertine, Le commandeur),  Khadija Kouyaté (Mathurine, Une Libertine), Joaquim Fossi (Dom Alfonse, Pierrot) et Anthony Moudir (Dom Carlos, Gusman)
Lumière Jean Bellorini assisté de Olivier Tisseyre
Son Sébastien Trouvé assisté de Jérémie Tison
Maquillages et perruques Cécile Kretschmar
Mouvement Guillaume Siard
Toile peinte (clavecin) Félix Deschamps Mak
Assistanat à la mise en scène Lucile Lacaze
Assistanat à la scénographie Nina Coulais
Assistanat aux costumes Laura Garnier
Assistanat aux accessoires Marine Martin
Régie générale André Neri
Régie plateau Marine Helmlinger
Machiniste accessoiriste Jeanne Doireau
Stagiaire technique Joamin Vasseur
Stagiaire Pavillon Bosio Louise Chatelain
Coordination générale et production Mathieu Gerin
Administration Pauline Ranchin
Diffusion Pascale Boeglin-Rodier
Construction des décors et confection des costumes Ateliers du TNP
Construction des accessoires DTMS Machiniste Constructeur du Lycée professionnel Jules Verne – Sartrouville

Production La compagnie MadeMoiselle
Coproductions Châteauvallon-Liberté, scène nationale / Compagnie MadeMoiselle – Macha Makeïeff / Théâtre National Populaire – Villeurbanne / Théâtre National de Nice / La Criée – Théâtre National de Marseille / Grand Théâtre de Provence / Le Quai – CDN Angers Pays de la Loire

Photos © Juliette Parisot
Texte © Vanessa Asse

De beaux désordres…

Par un glissement sémantique autour de la figure du libertin, mon Dom Juan sera très sadien, très XVIII ème siècle français, avec une odeur de lit défait, une atmosphère Liaisons dangereuses, et un élégant cynisme transgressif et jouisseur. Sade parce que chez cet autre « grand seigneur méchant homme », il y a plaisir à faire le Mal ; il y a le désir de donner en spectacle son impiété et toutes sortes de dérèglements. Il y aura chez Dom Juan comme chez Sade, – deux dévoyés, l’obstination à « dresser un théâtre » en toutes circonstances ; chez ce personnage en fuite, tel que je l’imagine, poursuivi, retranché chez lui, persiste un goût du travestissement et de toutes les formes du mensonge. L’affaire se passe alors pas si loin de la Révolution où se briseront l’Ancien régime et ses privilèges. Le libertinage et les Lumières, les excès de la Régence.

Dom Juan a son Sganarelle comme Sade avait son Latour, complice en miroir de ses frasques sacrilèges. Amour-détestation du valet et du maître, jeu pervers de domination, fascination-haine. Le personnage de Dom Juan comme un Don Giovanni au bord du gouffre, blasphémateur, incandescent, reclus. Chez lui, dans son antre, le feu, le linge, les ombres encore. Dom Juan a le sens du chiffre, de la liste, de la comptabilité cynique de ses assauts et conquêtes. Le corps féminin est là. En jouir puis l’avilir.

Comme le Ciel est vide, c’est la société des hommes qui va se débarrasser de ce mauvais sujet qui défie la marche du monde, qui pervertit et menace l’ordre social.

Dom Juan a tué ; dès le début, la mort s’inscrit, présence flottante, et le scénario de ce qui sera sa défaite, se resserre autour de lui. Affaire d’un complot quasi familial qui se trame. Se trame aussi la vengeance d’une femme : – Appréhende au moins la colère d’une femme offensée.

Le personnage d’Elvire est à revisiter ; puissante, ambivalente, dangereuse, sublime, elle est au-delà du chagrin. A cet endroit, je veux faire entendre une rébellion de femme contre un destin assigné à l’humiliation, au déclassement par le désir tout-puissant d’un homme. Un arrachement cruel à celui qu’on a aimé et ce qui s’en suit.

Je monte Dom Juan après Tartuffe, que nous avons déjà joué plus de cent fois, parce que la porosité des deux œuvres est flagrante autour de la transgression. En effet, Molière écrit Tartuffe en 3 actes frappé d’interdit, puis Dom Juan arrêté très tôt, puis Tartuffe en 5 actes… Je monte ces deux pièces pour un point de vue de femme et depuis les femmes ; où en sommes-nous de la séduction, de la trahison ? Interrogation sur le désir, la prédation, le consentement, la rébellion et le jeu mortel qu’est l’assujettissement. Pour dire encore la jouissance jusqu’au Mal et le mystère masculin, face à moi, qui ne cessent de m’interroger.

Ce spectacle, c’est encore, malgré et avec le tragique, les joies d’une grande comédie, un rire éclatant !

Macha Makeïeff 

La tentation serait donc grande d’inscrire la pièce dans l’actualité la plus directe. Le parti pris de Macha Makeïeff est tout autre, et fort heureusement plus complexe et subtil. C’est en assumant une vision inactuelle de la pièce, en serrant le texte au plus près, avec précision, qu’elle la fait résonner avec force dans notre aujourd’hui, tout en offrant le plaisir d’un théâtre qui ose le voyage dans le temps, dans un passé chatoyant, rêvé et recréé. Le Monde 

Portée par d’éblouissants comédiens, la mise en scène qui traverse avec maestria et souplesse tous les registres impressionne par sa beauté et sa capacité à faire sens ici et maintenant. La Terrasse

Auteure, metteure en scène, plasticienne, créatrice de décors et de costumes, Macha Makeïeff participe par ses créations, expositions, collaborations et écrits au rayonnement de la création artistique en France et à l’étranger. Attachée à la transmission, à l’accessibilité de ses projets et à leur ancrage, le public est depuis toujours son beau souci.

Elle a fondé avec Jérôme Deschamps la Compagnie Deschamps et Makeïeff ; ensemble ils réalisent de nombreux spectacles qui rencontrent un très large public et tournent dans toute l’Europe; puis ils fondent en 2000 «Les Films de mon Oncle» pour la restauration et le rayonnement de l’œuvre de Jacques Tati , et réalisent pour Canal+ Les Deschiens (1993 – 2002). Macha Makeïeff invente le style Deschiens qui saura influencer la mode. Ensemble, ils animent actuellement le 7 BIS un lieu de création, de répétition, d’images, d’archives et d’ateliers à Paris.

Macha Makeïeff monte divers Opéras au Festival Lyrique d’Aix-en-Provence, à l’Opéra d’Amsterdam, à Baden- Baden, au Grand Théâtre de Provence, à l’Opéra de Lyon, l’Opéra Comique ou encore au Théâtre des Champs- Elysées… Elle collabore notamment avec John Eliott Gardiner, William Christie, Louis Langrée, Christophe Rousset, Laurence Equilbey…

En parallèle, elle crée expositions, performances et rétrospectives dans divers lieux d’exposition comme la Cinémathèque française où elle monte Jacques Tati, 2 Temps 3 Mouvements, La Fondation Cartier, Vestiaire et Défilé, le Musée des arts décoratifs… ou encore le Grand Palais pour lequel elle imagine Éblouissante Venise. Récemment, elle réalise avec S.Collodiet et le Cirva, Feux Sacrés.

Par ailleurs, Macha Makeïeff a publié différents essais aux Editions du Chêne, chez Séguier, au Seuil, et ces dernières années, chez Actes Sud- Papier : L’Amour des Choses, Beaux-restes, Inventaire d’un spectacle, Poétique du désastre, et Zone céleste.

Elle a imaginé et publié une revue pour le Théâtre de La Criée, CRI-CRI, publie Le Récit Immobile avec Hervé Castanet chez Partico Hors-les-murs, écrit dans différentes revues dont Perspective, (Raconter) en octobre 2022, contribue au catalogue Musicanimale à la Philharmonie.

Directrice artistique du Théâtre de Nîmes de 2003 à 2008, Macha Makeïeff a ensuite dirigé de 2011 à 2022, La Criée, Théâtre national de Marseille. Elle a fait évolué le modèle du CDN, inaugurant une programmation pluridisciplinaire exigeante, mêlant théâtre de création mais aussi musique, danse, images, arts plastiques, cirque, développant un projet singulier inscrit dans le tissu urbain de la ville dont elle est originaire; elle a ouvert avec entêtement La Criée aux publics les plus éloignés.

À la Criée, Macha Makeïeff crée les spectacles : Les Apaches, puis Ali Baba qu’elle écrit, met en scène Lumières d’Odessa, texte de Philippe Fenwick d’après Isaac Babel. Elle assure performances et lectures.

Elle crée Trissotin ou Les Femmes Savantes de Molière qui tournera avec grand succès en Chine et sera joué à Paris et en tournée près de 200 fois.

En 2017, Macha Makeïeff adapte et crée La Fuite ! de Mikhaïl Boulgakov sur la défaite et l’exil de Russes blancs en 1920. A Avignon en 2019, invitée au Festival, elle joue une partie de billard à trois bandes avec un spectacle, Lewis versus Alice créé à La FabricA, l’exposition Trouble fête, Collections curieuses et Choses inquiètes à la Maison Jean Vilar et Zone céleste publié aux éditions Actes Sud.

Comme éloge des sciences humaines, elle crée Les Âmes offensées : quatre traversées de découvertes: Les Inuit, Les Soussou, Les Massaï, Les Hadza selon les carnets de l’ethnologue Philippe Geslin. Enfin, elle monte en 2021 Tartuffe théorème de Molière qui sera joué plus de 100 fois en tournée. Un livre est en préparation. Trouble fête est installé à L’Archevêché à Aix-en-Provence puis au TNP Villeurbanne.

Macha Makeïeff a créé et dirige depuis juillet 2022 sa Compagnie Mademoiselle avec pour mission la création théâtrale, expositions et performances, la transmission auprès des Écoles d’art. Elle développe ses expositions selon un space specific auquel elle tient. Elle crée les costumes de L’Avare (Jérôme Deschamps) et du Suicidé (Jean Bellorini dont elle réalise les costumes des 6 derniers spectacles).

Macha Makeïeff prépare une adaptation de Qui je suis de Pasolini ; elle créera au printemps 2024. Dom Juan de Molière au TNP Villeurbanne; le spectacle tournera en 24/25, et fera l’objet d’un livre. Elle met en chantier la réalisation de vignettes vidéo Les Sœurs M. Elle prépare deux importantes expositions dans musée et lieux historiques sur le territoire SUD, et la revue MAD.