Temps fort de la création artistique en milieu carcéral, le Festival Vis-à-Vis est créé et porté par le Théâtre Paris-Villette depuis 2016. Devant le succès public de cette manifestation, la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires de Marseille et la DRAC PACA ont souhaité adopter le modèle du Festival Vis-à-Vis en région Sud — Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cette première édition est portée par la scène nationale Châteauvallon-Liberté et se déroulera à Châteauvallon du 31 mai au 2 juin 2023. Le chorégraphe Angelin Preljocaj est le parrain de cette édition.
Mercredi 31 mai 2023 — 18h10
Jeudi 01er juin 2023 — 18h10
Vendredi 02 juin 2023 — 18h10
Réservation conseillée et possible jusqu’à la veille du spectacle par téléphone au 09 800 840 40
Danse, théâtre, musique, vidéo, photo… Le festival Vis-à-Vis est un évènement unique en France qui rend visible et valorise des projets artistiques et culturels pluridisciplinaires créés dans les établissements pénitentiaires. Des créations en partage, des œuvres communes qui s’émancipent de la simple mission sociale pour être élevées au rang d’œuvre d’art.
Au-delà de l’importance de la visibilité donnée à ces créations partagées en les rendant accessibles à un large public, l’objectif est d’offrir aux détenus une expérience artistique basée sur le collectif, l’engagement, la durée et l’aboutissement. Cette ambition réussie, favorise la réinsertion et la lutte contre la récidive. Le temps de ces ateliers et de ces spectacles, les frontières disparaissent pour laisser voir sur scène un travail main dans la main entre artistes, techniciens et détenus. Ces représentations connaissent un franc succès depuis les prémices du festival en 2016. Un partage nécessaire et un récit collectif à ne pas manquer.
Ce projet est proposé dans le cadre des actions de Châteauvallon-Liberté, scène nationale.
Temps fort de la création artistique en milieu carcéral, le festival Vis-à-Vis est créé et porté par le Théâtre Paris-Villette depuis 2016.
Retrouvez l’intégralité des partenaires et mécènes du Théma #43 — Justice, es-tu là ? sur les pages évènement.
Des individus sont isolés sur une île déserte, on raconte qu’ils ont perdu leurs visages. Ils sont contraints de porter des masques et n’ont plus aucun contact avec l’extérieur. Alors qu’une tempête se prépare, d’étranges phénomènes surviennent sur l’île.
Entre scènes de rêves et entretiens filmés, des personnes détenues racontent et illustrent leur quotidien dans une fable décalée.
Tout part de la réécriture d’un conte pour enfant avec de nouveaux personnages : un loup, un jeune homme et sa grand-mère. Mais quand la justice va se mêler au conte, l’histoire a soudainement des résonnances plus actuelles et profondes.
Qui est coupable ? Qui est responsable ? Où est la morale ? Pourquoi un individu a pu être amené à agir de la sorte ? Tant de questions auxquelles les acteurs ne répondront pas, donnant au public le pouvoir de la sentence.
Si l’humain existe en partie grâce au regard d’un autre, comment exister dans le milieu particulier de la détention où le contact avec le monde est réduit au minimum ?
Plusieurs personnes détenues des deux maisons d’arrêt vont s’exprimer autour de la notion «d’exister» à l’aide d’une multitude de supports restitués sous forme audiovisuelle : fiction, narration, expérimentations, vidéopoèmes, écrits, photographies…
Du C(h)oeur des Femmes est un projet mené depuis 5 ans par Vanille Fiaux en France et à l’étranger, qui propose à des femmes de tous horizons d’emprunter les chemins de la création, de l’écriture, du chant, de la photographie, du théâtre. Les muses se réunissent ainsi dans un mouvement solidaire qui permet de rompre l’isolement, de de retrouver confiance.
À Marseille, le projet est né en 2022 avec le Centre Pénitentiaire des Baumettes. Cette année, les femmes impliquées dans le projet ont tissé leur propre pièce avec Vanille Fiaux. Elles la présentent sur scène aux côté d’autres femmes de la Maison pour Tous de la Belle de Mai à Marseille, partenaire du projet, et de femmes des C(h)oeurs de Nantes et de Djibouti. Trois musiciens les accompagnent: Benoit Prisset à la batterie, Arthur de la Grandière à la basse, Mathieu Pichon à la guitare.
Un signe de la main entre l’étranger à la fenêtre de l’hôtel et Simm l’homme du pays. Un tremblement de terre . Simm s’entête à faire travailler les sauveteurs là où l’étranger est enfoui. Dessous, un souffle, une voix. L’un sauvera l’autre. Chacun en sortira différent.
C’est l’histoire de deux hommes, de plusieurs hommes.
Les acteurs détenus et professionnels, le musicien, vont créer un moment de théâtre à partir du roman d’Andrée Chedid, L’AUTRE
«C’est pas un simple radis fréro… c’est une plante verte. C’est vivant. Tu captes ? Je lui enlève ses petites feuilles jaunes, je prends soin d’elle, elle prend soin de moi… ça me fait du bien et toi, tu veux bouffer mon radis»
En s’inspirant de faits réels deux personnes sous main de justice ont développé un scénario sur l’importance de la nature, l’importance de prendre soin de quelque chose de vivant et de fragile.
En s’appuyant sur les écrits des ateliers Slam réalisés au cours de l’année, les personnes détenues et professionnels se produiront sur scène en mélangeant danse contemporaine et hip-hop, texte, musique et photographie.
Sur des bases travaillées en répétition, les participants se livreront à des improvisations et à des bricolages sonores en live pour accompagner l’expression de leurs mots et de leurs gestes.
Cette production artistique mêle deux types de création : la danse et la musique. La chorégraphie va naître à partir d’une recherche de mouvements, de conceptualisation d’un vécu et la place laissée au sensible.
En parallèle, des ateliers à la fois techniques et expérimentaux vont permettre la réalisation d’une création sonore collective à l’issue d’un processus d’apprentissage s’appuyant notamment sur le field recording et le jeu de l’improvisation.
« Avez-vous déjà vécu une expérience magique ? »
Cette même question posée à tous les participants libère leur parole et leurs histoires magiques, guidant avec leur voix les auditeurs dans un monde loin de la vie quotidienne. Merveille est une création sonore invitant à réactiver en nous les mécanismes du rêve.
Dans le cadre d’une résidence artistique organisée en partenariat avec le FRAC PACA, l’artiste plasticienne Diane Etienne propose des ateliers en vue de la réalisation d’une œuvre collective inter-établissements au sein du CP Aix-Luynes (Aix1 et SAS) et du CD de Salon.
Cette création portera sur le thème du déplacement, de la marche au travers des notions de traces et d’empreintes de territoires ou de paysages. Le dialogue inter-établissement est l’un des aspects principaux de ce projet : il s’agit de créer une œuvre commune, permettant les échanges et la multiplication des points de vue autour d’un même sujet.
Vous décidez de créer le temps fort Vis-à-Vis au début de votre codirection au Théâtre Paris-Villette. Après quatre éditions, pourquoi souhaitez-vous délocaliser le Festival Vis-à-Vis ?
Valérie Dassonville – Il ne s’agit pas de délocaliser le Festival Vis-à-Vis mais de le répliquer sur d’autres territoires. Le projet est de permettre à ce temps fort de la création artistique en milieu carcéral d’exister à la fois à Paris Villette et dans d’autres régions que l’Ile-de-France.
A trois reprises, des projets montés en Région Sud ont été montrés à l’occasion des éditions de Vis-à-Vis : en 2018, le travail d’Olivier Py avec la Maison d’Arrêt du Pontet, en 2020 celui de Joël Pommerat avec la Maison Centrale d’Arles et en 2022 celui de la compagnie Sur le fil avec le Centre Pénitentiaire d’Aix-Luynes. C’est donc très naturellement que cette idée de réplique est née.
Châteauvallon a répondu favorablement à cette envie et réuni de nombreux partenaires culturels et pénitentiaires de la Région Sud avec l’idée de rendre ce festival itinérant. La première édition se tiendra dans cet incroyable cadre qu’est Châteauvallon.
Quelles sont les différentes étapes de construction d’un tel projet ? Faire travailler les services pénitentiaires avec les artistes et les structures culturelles ne doit pas être évident.
Valérie Dassonville – Le rôle joué par les Directions Interrégionales des Services Pénitentiaires (DISP) et les coordinateurs culturels au sein des établissements pénitentiaires est essentiel. Convaincus par ce projet de création en milieu pénitentiaire, ils permettent aux artistes de pousser les portes des lieux de privation de liberté. Mais cette conviction ne serait rien sans le soutien financier des Directions Régionales des Affaires Culturelles (DRAC).
La DISP Marseille et la DRAC PACA ont travaillé, main dans la main, pour informer et convaincre structures pénitentiaires et structures culturelles de la Région. L’accueil a été excellent, ce qui nous a convaincus de tenter cette aventure.
Les projets culturels en prison ne manquent pas. Mais peu sont montrés au public et c’est vraiment la spécificité de Vis-à-Vis. Pouvez-vous nous raconter comment les artistes travaillent avec les personnes détenues et quelle place tient la représentation ?
Valérie Dassonville – Il est évident que chaque aventure est unique. Les coordinateurs culturels des établissements pénitentiaires et les équipes artistiques portent le projet auprès des détenus. Il n’est pas simple de s’engager dans cette aventure, de se confronter au texte, au jeu d’acteur, d’accepter d’être dirigé par un metteur en scène.
Au moment de la représentation, c’est-à-dire de la présentation au public par ceux qu’on ne voit pas, qui sont enfermés, il y a quelque chose de profond qui se joue, rejoignant les enjeux de réinsertion et de lutte contre la récidive. La peine de prison est une mise à l’écart qui doit normalement servir au retour. Pour un détenu, monter sur scène face à un public, «se représenter» c’est lui dire : “Je me présente à nouveau à toi pour que tu me voies à nouveau.”
Propos recueillis en novembre 2022