Ciné-rencontre

Hommage à Florence Arthaud

Charles Berling, Stéphane Caillard, Géraldine Danon &
Yann Quéffelec

Connue comme « la petite fiancée de l’Atlantique », Florence Arthaud fut surtout une grande navigatrice. Son palmarès exceptionnel et unique dans cet univers masculin, connut son apogée avec sa victoire de la Route du Rhum en 1990.

À l’occasion des 10 ans de la disparition de la célèbre navigatrice, la Scène nationale a voulu rendre hommage à ce destin hors du commun. La projection du film FLO sera suivie d’une rencontre avec Charles Berling, Stéphane Caillard, Géraldine Danon et Yann Quéffelec.

Lieu
  • Le Liberté
  • Salle Albert Camus
Accessibilité
  • Pour toutes et tous
    • Dès 14 ans
  • Dates Durée 2h10 + rencontre
  • samedi 22 mars 2025 18:00
Gratuit sur réservation
Informations pratiques
  • Film de Géraldine Danon (France, 2023)
  • Avec Stéphane Caillard, Alison Wheeler, Alexis Michalik, Pierre Deladonchamps, Charles Berling

Au-delà de ces exploits, FLO raconte l’incroyable destin d’une femme farouchement libre qui – après un accident de la route ayant failli lui coûter la vie – décide de rejeter son milieu bourgeois et la vie qui lui avait été tracée, pour vivre pleinement ses rêves.

La projection sera suivie d’une rencontre avec Charles Berling, acteur, Stéphane Caillard, actrice, Géraldine Danon, réalisatrice & Yann Quéffelec, auteur de La mer et au-delà.

Photos © Laura Poupon

Géraldine Danon signe un biopic qui ressemble à son héroïne, furieusement libre et amoureuse de la vie. Le Point

Vous avez très bien connu Florence Arthaud… Avant de parler du film que vous lui consacrez, quel souvenir gardez-vous de cette femme hors du commun ?
Géraldine Danon — Florence était une amie proche. Nous nous sommes rencontrées en 1986. Elle est la marraine de mon fils, j’ai rencontré Philippe Poupon lors de son mariage à Porquerolles, elle a donc fait partie de ma vie. J’en parlerais comme une femme libre, farouche, joyeuse, puissante et aventurière. C’était aussi quelqu’un d’une grande générosité, qui vivait dans l’instant et qui aimait les gens. Je me souviens de dédicaces de livres sur la fin de sa vie durant lesquelles elle passait beaucoup de temps à parler avec ses lecteurs… Florence ne s’est jamais économisée en rien : c’était une boulimique de la vie !

Sa mort tragique en 2015 dans un accident d’hélicoptère sur le tournage d’un jeu télévisé est encore dans toutes les mémoires. A partir de quel moment avez-vous songé à réaliser un film qui raconterait sa vie et son destin ?
G. D. — C’est une idée dont nous parlions ensemble de son vivant… Avant de partir sur ce tournage funeste, Florence avait deux projets qui l’ont beaucoup occupée durant les trois dernières années de sa vie. D’abord « L’Odyssée des femmes » qui devait réunir des navigatrices du monde entier en Méditerranée et qui lui aurait permis de transmettre son amour de la voile mais également son combat de toujours : la place des femmes dans le monde de la voile. Florence n’a jamais été une militante féministe […] mais elle a incarné de par ses actes la lutte des femmes en revendiquant sa liberté tout au long de sa vie et de sa carrière… Elle s’est confrontée aux hommes sur leur propre terrain ! Comme elle le dit dans le film : gagner pour être la première des femmes ne l’intéressait pas. Elle voulait gagner tout court et démontrer que les muscles ne faisaient pas tout sur un bateau… L’instinct, le sens artistique en mer étaient tout aussi essentiels à ses yeux. Ensuite, Florence voulait faire un film sur sa vie. Elle m’en avait beaucoup parlé en me proposant de travailler avec elle mais à l’époque, je passais tout mon temps en mer pour tourner mes documentaires… A sa mort, je n’y ai plus repensé, jusqu’au moment où j’ai lu « La mer et au-delà » de Yann Queffélec. Ça a été comme une révélation : le parfum de Florence était là… Son jusqu’au-boutisme, sa fureur de vivre transpiraient à chaque page et je me suis dit qu’évidemment il fallait faire un film sur ce destin tellement romanesque. J’ai donc acheté les droits du livre de Yann avec la volonté de m’en détacher, tout en travaillant avec lui à cette adaptation très libre comme je le dis au début du film…

Vous proposez d’ailleurs un film qui est tout sauf une hagiographie, en montrant une Florence Arthaud entière, habitée par ses démons…
G. D. — Oui, avec ses failles, telle que je la percevais. « Flo » est un premier film et c’est toujours un exercice très personnel donc j’y trouve des résonnances avec mes propres démons, mes propres obsessions ou mes propres envies… Ce film est le point de rencontre entre Florence et moi.

Il est même très intime puisque vous y parlez de marins que vous avez très bien connus, votre mari Philippe Poupon a barré durant le tournage le trimaran du film, votre fille et votre fils apparaissent à l’écran…
G. D. — Oui, Loup notre fils avec Titouan Lamazou joue le rôle de son père et Marion notre fille avec Philippe incarne Florence enfant et je filme les marins que je connais le mieux et que j’affectionne tout particulièrement comme Riguidel ou les autres. Ce film m’est très précieux car ça a été une véritable bataille pour qu’il puisse exister. Il a fallu trouver le bon producteur en la personne de Manuel Munz dont le soutien constant et respectueux a été essentiel. Le tournage n’a pas été simple avec beaucoup de bateaux emblématiques à retrouver, parfois très loin… Nous avons réussi à faire venir le « Pierre 1er » de Florence qui était oublié aux Philippines, appartenant à un français de Hong-Kong. Nous l’avons rebaptisé « Flo » pour le film… Philippe Brillault a accepté d’aller le chercher et de nous le ramener mais en route, il a été attaqué par des pirates entre la Somalie et le Yémen ! Heureusement, le navire est arrivé à temps pour la Route du Rhum durant laquelle Philippe Poupon a couru, tout en le convoyant jusqu’en Guadeloupe où nous en avions besoin pour le film ! Nous avons aussi tourné à bord de « L’Argade » qui est un bateau que Florence adorait, qu’elle avait peint en rose, (sa couleur préférée), duquel elle est tombée à la mer en 2011… En revanche nous avons dû faire fabriquer des répliques du « Biotherm », du « Petrouchka », de « L’Xpérimental », du « 33 export »…

On imagine un tournage très intense sur mer !
G. D. — Oui d’autant que toutes les scènes que vous verrez à l’écran ont été tournées en mer. Rien n’a été fait en studio… Il y avait des journées où nous passions sans cesse d’un bateau à un autre dans une sorte de frénésie assez épique. La belle étoile de Florence devait veiller sur nous car personne ne s’est blessé, nous n’avons fait tomber aucune caméra à la mer et la météo a été avec nous de bout en bout… Mais ce qui est intéressant avec « Flo » c’est que le film est avant tout pour moi le portrait d’une femme. Certes elle fait de la voile mais on la suit pas à pas, avec ses complexités en montrant comment, venant d’une « bonne famille », elle parvient à s’affranchir de tout pour aller affronter les océans et vivre pleinement son rêve…

Ce qui est très troublant c’est de constater combien la mort a constamment accompagné sa vie : des accidents de la route, le suicide d’un de ses frères, sa chute en mer au large de la Corse en 2011 puis cet accident fatal en 2015…
G. D. — Nous voulions dès le départ montrer combien cette femme si amoureuse de la vie avait tout le temps eu la mort rôdant autour d’elle. Florence s’en est souvent sortie miraculeusement, (notamment en 2011 où elle réussit comme le montre le film à appeler sa mère alors qu’elle est tombée à l’eau), jusqu’à cet accident d’hélicoptère sur ce jeu télé… On l’appelait « la petite fiancée de l’Atlantique » mais on aurait pu dire « la petite fiancée du destin » car sa vie est incroyable jusqu’au bout… Elle m’avait dit que lors de sa chute en 2011, à un moment, elle s’était sentie couler et qu’alors elle se sentait assez bien, avant que certaines choses ne la ramènent à la surface.

Vous montrez aussi ses histoires d’amour et notamment celle avec Olivier de Kersauson. A la fin du film, vous indiquez que cette relation entre eux est elle aussi très librement inspirée de la réalité
G. D. — Florence était une amoureuse de la vie on l’a dit mais surtout une amoureuse tout court ! Elle était même très fleur bleue, tout en étant un marin très aguerrie et extrêmement douée. C’est un paradoxe qu’elle revendiquait totalement d’ailleurs ! Dans le film, je me suis attachée à montrer quelques-uns de ces hommes qui ont compté dans sa vie. Tout d’abord Jean-Claude Parisis, le premier à lui avoir fait découvrir la mer, avec qui elle a fait sa première traversée de l’Atlantique du « Petrouchka ». Ensuite, j’ai décidé de faire d’Olivier de Kersauson, (qui est pour moi un des voileux les plus charismatiques et poétiques), le marin des marins et de leur faire vivre une grande histoire d’amour… Cette phrase à la fin du film est là pour indiquer que nous respectons la vie privée de chacun. Olivier est un homme extrêmement pudique et il n’a pas pour habitude de s’exprimer sur sa vie sentimentale. Mais il est évidemment au courant de ce que nous avons fait…

A l’écran c’est Stéphane Caillard qui incarne Florence Arthaud. Vous lui offrez une partition très intense et elle habite le film d’un bout à l’autre…
G. D. — J’ai choisi Stéphane en faisant des essais, après avoir casté plusieurs comédiennes. J’avais rendez-vous avec elle dans un café et dès que je l’ai vue entrer j’ai su qu’il se passait quelque chose… Nous avions déjà parlé au téléphone et je lui avais demandé si je ne la dérangeais pas et elle m’avait répondu qu’elle avait une petite fille de 2 ans, donc qu’elle était « sur le pont » depuis un bout de temps. J’y avais vu un excellent présage ! Avec Stéphane, nous avons beaucoup parlé du personnage. J’ai essayé de lui apporter tout ce que je savais de Florence et toutes les couleurs d’elle que je voulais retrouver à l’écran. Elle a ensuite travaillé de son côté en se nourrissant de lectures, d’interviews, de tout ce qu’elle a pu trouver. Tout ce travail ayant été accompli en amont donc ensuite, sur le tournage, les choses ont été assez fluides. Stéphane a eu cette capacité formidable de pouvoir incarner Florence de ses 17 ans à la fin de sa vie et on y croit ! Nous avons très peu utilisé de prothèses ou de maquillage, préférant faire évoluer sa posture, sa démarche ou sa voix selon l’âge du personnage. Stéphane est une actrice rare, un véritable Stradivarius !

Elle avait l’habitude de la mer ?
G. D. — Non assez peu. Elle a donc fait un stage de voile au préalable et durant le tournage, deux conseillers étaient à bord à ses côtés, Philippe Poupon et Philippe Monnet pour l’épauler et lui apprendre les bons gestes. Stéphane nous a bluffés car elle est vite devenue très à l’aise sur les bateaux, que ce soient des monocoques ou des trimarans comme « Flo ». Elle assure toutes les manœuvres dans le film. C’est elle notamment qui grimpe au mât. Je crois qu’elle et moi avions un vrai lien de confiance donc Stéphane osait tout…

Parmi vos acteurs, Charles Berling et Marilyne Canto jouent les parents de Florence Arthaud, Pierre Deladonchamps est son frère et vous avez choisi Alexis Michalik pour le rôle d’Olivier de Kersauson
G. D. — Ce n’était pas un choix évident mais en discutant avec Alexis, j’ai été convaincue par son élégance, son mystère et sa capacité à s’approprier le personnage. En fait, qui peut jouer le rôle de Kersauson ? L’idée était de s’approcher le plus possible de cet homme si paradoxal lui aussi et finalement, je trouve qu’Alexis a réussi ce tour de force…

« Flo » est également un voyage durant lequel vous nous embarquez à travers le monde. Où avez-vous tourné ?
G. D. — À Cape Town en Afrique du Sud, à Saint-Mandrier en Méditerranée, au large de La trinité et de Concarneau en Bretagne, en Guadeloupe autour des Saintes et en Normandie…

C’est donc votre premier long-métrage. Une véritable aventure de cinéma. Quel regard jetez-vous sur ce film à la fois intime et épique?
G. D. — Je sais que j’ai tout donné à ce projet, depuis le jour où j’ai décidé de m’y lancer… J’ai la grande satisfaction d’être allée au bout de moi-même. Ce tournage restera comme un des moments les plus intenses de mon existence. J’ai pu compter sur une équipe formidable où chacun a été au diapason de mon implication, quel que soit le poste occupé, de la régie aux décors en passant par les costumes. C’est une véritable chance pour moi qui avait l’habitude de tourner mes documentaires, seule en mer… Je sais que j’ai tout donné à ce projet, depuis le jour où j’ai décidé de m’y lancer… J’ai la grande satisfaction d’être allée au bout de moi-même. Ce tournage restera comme un des moments les plus intenses de mon existence. J’ai pu compter sur une équipe formidable où chacun a été au diapason de mon implication, quel que soit le poste occupé, de la régie aux décors en passant par les costumes. C’est une véritable chance pour moi qui avait l’habitude de tourner mes documentaires, seule en mer…

Propos recueillis pour le dossier de presse du film FLO, production Les Films Manuel Munz.

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