Table ronde

Îles et utopies

Hélène Baillot et Raphaël Botiveau — Anne Cadoret — Boris Cyrulnik — Marc Duncombe — Daniel Faget

Mondes clos propices aux fantasmes et aux expérimentations, les territoires insulaires exercent une fascination puissante sur les sociétés humaines. L’île, c’est un espace où inventer de nouvelles organisations sociales, où expérimenter un nouveau rapport à la nature. Loin du paradis, l’île n’a pas épuisé son contenu d’utopie. La table ronde sera introduite par la projection de Il faut imaginer une île, installation vidéo d’Hélène Baillot et de Raphaël Botiveau.

Lieu
  • Le Liberté
  • Salle Daniel Toscan du Plantier
Accessibilité
  • Pour toutes et tous
  • Dates Durée 2h
  • mardi 21 mars 2023 19:00
Gratuit sur réservation
Informations pratiques
  • Avec Raphaël Botiveau, vidéaste ;
    Anne Cadoret, géographe ;
    Marc Duncombe, directeur du Parc national de Port-Cros ;
    Daniel Faget, historien et membre du conseil scientifique du Parc national de Port-Cros
  • Modération Boris Cyrulnik, neuropsychiatre

« La fascination pour les îles demeure, depuis près de 2500 ans, l’un des invariants de la pensée occidentale. […] Leur dimension souvent restreinte, la facilité avec laquelle on peut dresser une cartographie mentale de leur géométrie, est de nature à rassurer l’individu. Ce dernier y retrouve, à une échelle humaine, une réalité terrienne : notre planète, île perdue dans l’univers, demeure aujourd’hui encore un monde dont l’immensité fait obstacle à une pensée du « chez soi », de l’intime, de la « maison commune ». L’île produit donc de l’utopie, celle d’un espace protégé, intemporel, paré de vertus originelles. […] La fréquentation des îles éveille ordinairement en chacun de nous une ivresse qui exacerbe les sentiments. Les paysages insulaires y sont pour beaucoup, qui s’ornent d’une exceptionnelle biodiversité. Celle-ci est trompeuse, puisque ces éclats de continents sont aussi perméables à l’arrivée d’espèces étrangères. » Daniel Faget

Photo de couverture © Bertrand Desprez

  • Installation vidéo d’Hélène Baillot et de Raphaël Botiveau

Oiseaux migrateurs, humains en estive ou en hivernage, sangliers arrivés à la nage depuis la Côte d’Azur, griffes de sorcières, rats noirs, faisans et touristes pris au piège de leur propre image… autant d’espèces qui peuplent les îles du Parc national de Port-Cros, filmées par Hélène Baillot et Raphaël Botiveau, en 2021.

Diaporama © Hélène Baillot et Raphaël Botiveau, Il faut imaginer une île 

Dans le cadre de la programmation du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur en région et d’un partenariat entre voyons voir — art et territoire et le Parc national de Port-Cros

Hélène Baillot

Après plusieurs années de recherche et d’enseignement en sociologie politique, Hélène Baillot entame son parcours en tant que cinéaste et artiste vidéo. Ses premiers films et installations, réalisés avec Raphaël Botiveau, London Calling (2017) et 400 Paires de bottes (2020), parlent de l’exil et des frontières. Ses travaux plus récents s’inscrivent dans le remise en cause du concept de nature et interrogent notre rapport au vivant non-humain.

Raphaël Botiveau

Docteur en science politique et réalisateur, diplômé du Fresnoy – Studio national des arts contemporains, Raphaël Botiveau travaille généralement en duo avec Hélène Baillot, sur les frontières et leur franchissement, hier et aujourd’hui, dans les Hautes Alpes, entre France et Italie (en collaboration avec le Mucem et l’École des hautes études en sciences sociales). Sensible aux inscriptions de l’histoire dans le paysage, à l’inventaire des strates qui façonnent rapports sociaux et cultures, ses travaux plus récents l’ont notamment conduit à filmer avec Hélène Baillot les îles du Parc national de Port-Cros.

Anne Cadoret

Maitresse de Conférences en Géographie-Aménagement à Aix-Marseille Université et rattachée au laboratoire CNRS TELEMMe, les travaux d’Anne Cadoret portent sur l’action publique de conservation de la biodiversité. Elle est spécialisée dans l’analyse des processus conflictuels liés à l’environnement plus particulièrement sur les zones côtières et dans le cadre de mes travaux sur les Aires Marines Protégées, elle travaille sur l’attachement aux lieux et l’acceptation sociale et institutionnelle de ces politiques publiques et leur rôle dans la gouvernance de ces espaces. Elle est membre de la commission d’experts Aires Protégées de l’UICN France et des conseils scientifiques du Parc national de Port-Cros et des récifs du Prado de Marseille.

Boris Cyrulnik

En 1942, alors qu’il grandit à Bordeaux, les parents de Boris Cyrulnik, juifs russo-polonais, sont arrêtés et déportés. Abandonné à l’Assistance publique, l’enfant est protégé par son institutrice. Échappant de peu à la déportation, suite à une rafle en janvier 1944, l’orphelin trouve refuge dans l’humour et la biologie. Passionné par la nature, la politique et l’homme d’une façon générale, Boris Cyrulnik devient pourtant maître-nageur. À quatorze ans, il découvre l’éthologie, en lisant un livre de l’entomologiste Jean-Henri Fabre. Dans les années soixante, ses études de médecine s’achevant, il se dirige vers l’éthologie, discipline alors très controversée. Redoutant la spécialisation, il se diversifie au maximum : éthologie, psychologie, neurologie, psychanalyse… Désireux de décoder la machine humaine, Boris Cyrulnik parcourt le monde à la recherche d’informations. Voyages, colloques, conférences, lectures, cours, l’homme est infatigable. Sa réputation en tant qu’éthologue est grandissante ; sa contribution à légitimer cette science est capitale. À partir des années 1980, Cyrulnik voue son existence à la vulgarisation de son savoir grâce à ses livres : Mémoire de singe et paroles d’homme, Les vilains petits canards… Il est notamment connu pour avoir développé le concept de « résilience ». Il est par ailleurs membre du comité de parrainage de la Coordination pour l’éducation à la non-violence et à la paix. Neuropsychiatre, professeur (directeur d’enseignement à l’Université de Toulon) et écrivain, Boris Cyrulnik mélange les genres, dans le but ultime de décoder l’être humain.

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