ON N'EST PAS LA POUR DISPARAITRE
Théâtre

On n'est pas là pour disparaître

Olivia Rosenthal — Mathieu Touzé

L’oubli, l’effacement de la mémoire, c’est ainsi que s’insinue la maladie d’Alzheimer dans le cerveau de Monsieur T. Le 6 juillet 2004, il poignarde sa femme de cinq coups de couteau.
Olivia Rosenthal entrecroise les voix : celle de Monsieur T., celles des personnes qui l’entourent, sa femme, son médecin, un policier qui l’interroge, l’autrice… Monsieur T. est déjà ailleurs, dans ses rêves, dans les arbres, en Amérique…

ON EST PAS LA POUR DISPARAITRE
ON N'EST PAS LA POUR DISPARAITRE
ON N'EST PAS LA POUR DISPARAITRE
ON N'EST PAS LA POUR DISPARAITRE
Lieu
  • Châteauvallon
  • Studios du Baou
Accessibilité
  • Pour toutes et tous
    • dès 14 ans
  • Dates Durée 1h15
  • mardi 8 novembre 2022 20:00
  • mercredi 9 novembre 2022 20:00
Tarif B
  • Plein tarif 24 €
  • Tarif préférentiel 19 €
  • Tarif avec la Carte Encore 19 €
  • Tarif formule 3 spectacles et + 18 €
  • Tarif formule 10 spectacles et + 16 €
  • Tarif demandeur d'emploi 16 €
  • Tarif jeune (- de 30 ans et étudiants) 11 €
  • Tarif solidaire 5 €
Informations pratiques

Dans la dépossession de soi et la perte d’identité, le portrait de Monsieur T. se dessine dans les voix des proches. Résonnent également des bribes de l’histoire de la découverte de la maladie, à la fin du XIXe siècle. Indétermination des voix qui ne sont pas identifiées ni nommées, indétermination qui fait écho à la perte de sa conscience. Le corps de l’acteur, Yuming Hey, est traversé par ces voix qui le dépassent. L’acteur fascine, seul sur scène dans une atmosphère très blanche, très froide, presque médicale. Le dispositif scénique évoque ce processus de perte, d’effacement de l’humanité qui est au cœur du roman.
Le personnage dialogue avec les créations vidéo de l’artiste Justine Emard, la musique de Rebecca Meyer et la voix off de Marina Hands dans une relation troublante, émouvante. Madame T. Lutte pour ne pas disparaître. C’est leur vie à deux qu’il efface quand il la frappe de son couteau.

Mise en scène et adaptation Mathieu Touzé
D’après On n’est pas là pour disparaître d’Olivia Rosenthal publié aux Éditions Gallimard
Avec Yuming Hey
Et la participation de Marina Hands de la Comédie-Française
Musique live Rebecca Meyer
Création vidéo Justine Emard
Lumières Renaud Lagier et Loris Lallouette
Assistanat à la mise en scène Hélène Thil

Production Collectif Rêve Concret
Coproduction Théâtre 14 / Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN
Projet soutenu par le Ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France

Photos © Christophe Raynaud de Lage
Texte © François Rodinson

Grosse claque que ce texte d’Olivia Rosenthal, adapté au théâtre par Mathieu Touzé et joué par le comédien Yuming Hey. Accompagné par l’excellente création musicale de Rebecca Meyer, qui enveloppe les mots ou, à l’inverse, les heurte de plein fouet, ce récit d’une tentative d’assassinat trompe son monde.  Télérama

Ce n’est plus seulement la technique de ce comédien surdoué qu’on admire. C’est sa façon de s’approprier ce drame, de faire vibrer, pleurer, et même sourire parfois les mots d’Olivia Rosenthal – l’auteure de On n’est pas là pour disparaître, adapté et mis en scène par Mathieu Touzé […] Le propos si juste sur les ravages de la maladie se fond dans un rituel humaniste, ode à la bienveillance et à la compassion. Philippe Chevilley — Les Echos

Yuming Hey nous propose une prestation magnifique, passant d’un personnage à l’autre en toute fluidité. Il reste fixé au centre de la scène comme si cet ancrage pouvait éviter le naufrage de la mémoire même si l’on sait qu’il est inexorable. La performance est superbe et par moment l’émotion est palpable tant les mots sont évocateurs. R42, culture gourmande

J’ai rêvé du texte d’Olivia Rosenthal pendant le deuxième confinement. J’en ai rêvé très clairement. Il s’est imposé à moi comme une évidence. J’ai vu Yuming Hey sur le plateau. Je l’ai entendu dire ce texte et j’ai eu l’image très nette d’une scénographie avec un, deux ou trois écrans vidéo. Au réveil, j’ai ressenti un sentiment d’urgence. J’ai senti que j’avais besoin de créer ce spectacle et qu’il fallait le faire vite. Après ces longs mois passés à jongler avec les annulations et les reports, j’ai éprouvé plus que jamais la nécessité de revenir à la création. Le lendemain, je suis tombé sur une création vidéo de l’artiste plasticienne Justine Emard et j’y ai vu comme un signe. Son univers m’a immédiatement parlé parce qu’il faisait écho aux images de mon rêve. Les silhouettes humanoïdes de sa création Soul Shift m’évoquent le face-à-face d’un patient et de son médecin, mais aussi ce processus de perte, d’effacement de l’humanité qui est au cœur du roman d’Olivia Rosenthal.

Je travaillais à ce moment-là sur Une absence de silence, une adaptation de Que font les rennes après Noël ?, et l’écriture d’Olivia, qui m’accompagnait quotidiennement, était comme un refuge. Le travail sur Que font les rennes après Noël ? était parti de la phrase de fin de On n’est pas là pour disparaître : « il l’efface / et il s’efface avec elle /d’être un homme /c’est trop compliqué ». Cette phrase, ainsi que le titre du roman, résonnent pour moi avec la place de la culture en ce moment. Dans ce contexte où le mot « culture » n’est même plus prononcé dans les annonces du gouvernement, ce titre nous parle très concrètement de la situation des artistes qui luttent depuis des mois pour ne pas être oubliés.

Je veux travailler sur les niveaux de langage, sur ces voix qui s’entrecroisent dans le texte d’Olivia. J’imagine un acteur, Yuming Hey, seul sur scène dans une atmosphère très blanche, très froide, presque médicale. J’aimerais faire entendre la dimension polyphonique de l’histoire de Monsieur T. en créant un dialogue entre l’acteur, la voix off et la vidéo. Le texte d’Olivia fait résonner des voix sans les identifier ou les nommer. Je veux garder cette indétermination qui fait écho à la perte d’identité. Le corps de l’acteur sera traversé par ces voix qui le dépassent et qui, chacune à leur manière, cherchent à endiguer l’effacement.

Mathieu Touzé

Mathieu Touzé

Mathieu Touzé a commencé le théâtre à dix ans. Après de longues années de théâtre amateur et des études de Droit, il entre au Conservatoire Régional de Poitiers pour aller vers une pratique plus intense. Après avoir traversé les trois cycles, il rentre à l’École Départementale de Théâtre de l’Essonne. En parallèle, il réussit l’examen du CAPA et devient Avocat au Barreau de Paris. En 2013, il commence une formation en Philosophie, Histoire de l’Art et Littérature au sein de l’Université Paris X – Nanterre. Il a travaillé avec, entre autres, Jean-Pierre Berthomier, Agnès Delume, Anne Théron, Jacques David, Anne Monfort, Antoine Caubet, Christian Jehanin, et a mis en scène L’Avare de Molière (Festival des fédérations des foyers ruraux, festival de la littoralité francophone), On ne badine pas avec l’amour de Musset, Madame Sans-Gêne de Victorien Sardou et Emile Moreau (Prix Défi Jeune, Prix MSA, avec le soutien de l’Association des Maires de France, du Crédit Agricole et de la fédération nationale et régional des foyers ruraux) et L’Imprésario de Michel Moulin. Directeur artistique du Collectif Rêve Concret, créé en 2012, il propose en 2014 une mise en scène d’Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit, et adapte, en 2016, Un garçon d’Italie de Philippe Besson à Théâtre Ouvert qu’il jouera en mai 2021 au Liberté. Le spectacle obtient le Prix de l’adaptation, le Prix de l’interprétation féminine et le Prix de l’interprétation masculine au Festival Rideau Rouge.

En 2019, il met en scène LAC de Pascal Rambert dans le cadre du Festival Étrange Cargo à la Ménagerie de verre. Depuis janvier 2020, il dirige, avec Édouard Chapot, le Théâtre 14 à Paris et propose une programmation exigeante et inventive, qui mêle des artistes reconnus (Pascal Rambert, le tg STAN ou Alain Françon) et des compagnies émergentes. Le Théâtre 14 est le premier théâtre à rouvrir, en juin, pour proposer un spectacle pour enfants, Elle pas princesse, lui pas héros de Magali Mougel, mis en scène par Johanny Bert. En juillet 2020, Mathieu Touzé organise au Théâtre 14 le ParisOFFestival pour soutenir les petites compagnies qui devaient se produire au Festival d’Avignon. En mars 2021, il présente Une absence de silence, adapté du roman d’Olivia Rosenthal Que font les rennes après Noël ?, à la Ménagerie de Verre. En juillet 2021, il recrée le spectacle en Italie, avec une équipe franco-ialienne, dans le cadre du festival Artinvita.

Olivia Rosenthal

Olivia Rosenthal est née en 1965. Elle enseigne à l’Université Paris VIII, où elle a fondé un master de création littéraire. Elle a publié une dizaine de récits aux Éditions Gallimard, dans la collection « Verticale », et a reçu plusieurs prix littéraires, notamment le Prix Wepler-Fondation La Poste pour On n’est pas là pour disparaître en 2007 et le Prix du Livre Inter pour Que font les rennes après Noël ? en 2011. Elle écrit également pour le théâtre : sa première pièce, Les Félins m’aiment bien, a été créée en 2005, dans une mise en scène d’Alain Ollivier. En 2008, elle écrit Les Lois de l’hospitalité, mis en scène par Marie Vialle, et réalise une pièce sonore, Viande froide, pour le Cent Quatre, où elle est accueillie en résidence en 2006-2007.

Elle a aussi écrit plusieurs courts métrages, dont Les Larmes et Tous les adultes ne sont pas méchants, réalisés par Laurent Larivière. Elle s’est, par ailleurs, engagée dans un projet sur « L’architecture en paroles », visant à faire vivre un bâtiment ou un lieu par les paroles de ceux qui y habitent et a réalisé des performances plastiques avec le graphiste Philippe Bretelle. En 2018, elle est entrée en résidence à la Villa Kujoyama, à Kyoto.