Jean-François Sivadier avait monté Le Roi Lear au Festival d’Avignon dans la Cour d’honneur en 2007. Il revient aujourd’hui à Shakespeare, vers qui il est toujours bon de se tourner quand notre monde menace de devenir inintelligible. Sur scène on retrouve Nicolas Bouchaud et, dans le rôle-titre, Adama Diop incarne pour la première fois le Maure de Venise.
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Tarif spécial à 4 € de 19h à 2h les soirs de représentation au parking Q-Park Liberté, place de la Liberté en réservant ici.
Othello, Maure et général des armées vénitiennes, a secrètement épousé une jeune aristocrate, Desdémone. Roderigo, amoureux de Desdémone, s’en plaint à Iago, le sous-lieutenant d’Othello. Iago accepte de l’aider à récupérer Desdémone, moyennant argent, mais son mobile est tout autre : Othello vient de promouvoir un autre homme que lui au poste de lieutenant. Emporté par une folie vengeresse, distillant le mensonge comme du venin, Iago ourdit une machination terrible. Jean-François Sivadier s’est fait connaître du grand public grâce à sa mise en scène d’Italienne avec Orchestre en 1997. Depuis cette époque, il alterne créations personnelles, opéras et classiques du théâtre qu’il revisite. Monter Othello aujourd’hui est pour lui une façon de se réapproprier le sens du monde car le théâtre de Shakespeare est un théâtre du questionnement qui n’impose jamais de réponse, ni leçon d’aucune sorte. Othello est avant tout la tragédie d’un homme qui doute de la façon la plus radicale possible. Pour incarner ce personnage exceptionnel à plus d’un titre, Sivadier a choisi Adama Diop. Cet acteur shakespearien, qu’on a déjà croisé dans les habits de Brutus ou Macbeth, est l’Othello qu’on attendait.
Texte William Shakespeare
Traduction Jean-Michel Déprats
Mise en scène Jean-François Sivadier
Collaboration artistique Nicolas Bouchaud, Véronique Timsit et Compagnie Italienne avec Orchestre
Avec Cyril Bothorel, Nicolas Bouchaud, Stephen Butel, Adama Diop, Gulliver Hecq, Jisca Kalvanda et Émilie Lehuraux
Avec la participation de Christian Tirole et Julien Le Moal
Scénographie Jean-François Sivadier, Christian Tirole et Virginie Gervaise
Lumières Philippe Berthomé et Jean-Jacques Beaudouin
Costumes Virginie Gervaise
Son Ève-Anne Joalland
Accessoires Julien Le Moal
Régie et habillage Valérie de Champchesnel
Régie lumière Jean-Jacques Beaudouin et Damien Caris
Régie son Florian Gros
Régie plateau Christian Tirole
Coiffures Angélique Humeau
Maquillage Marthe Faucouit
Chef de chant Benjamin Laurent
Regard chorégraphique Johanne Saunier
Régie générale Guillaume Jargot
Assistanat à la mise en scène et à la tournée Véronique Timsit
Construction du décor Espace et Cie
Atelier couture Julien Silvereano, Angélique Groseil et Lisa Renaud
Administration et diffusion François Le Pillouer
Ce spectacle de la Compagnie Italienne avec Orchestre a été créé le 15 novembre 2022 au Quai – CDN Angers Pays de la Loire
Production déléguée Compagnie Italienne avec Orchestre
Coproduction Châteauvallon-Liberté, scène nationale / Odéon-Théâtre de l’Europe / Le Quai-CDN Angers Pays de la Loire / La Comédie de Béthune / L’Archipel Scène Nationale de Perpignan / Théâtre National de Nice / TNP Villeurbanne / Le Bateau Feu Scène nationale de Dunkerque / L’Azimut – Antony / Châtenay-Malabry / Les Quinconces L’Espal – Scène nationale du Mans / La Comédie de Saint-Etienne, CDN / Théâtredelacité – CDN Toulouse Occitanie / La Coursive Scène Nationale de La Rochelle / Le Théâtre de Caen
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
La compagnie Italienne avec Orchestre est aidée par le Ministère de la Culture – DRAC Île-de-France au titre de l’aide aux compagnies
Remerciements à : Théâtre 71, scène nationale de Malakoff, Atelier de Paris, centre de développement chorégraphique national et T2G Théâtre de Gennevilliers, Centre Dramatique National.
Photo © Jean-Louis Fernandez
Texte © Sidonie Fauquenoi et Fréderic Maria
Shakespeare c’est le dramaturge vers lequel on se tourne, sur lequel on s’appuie lorsque, déboussolés, on a l’impression de devoir à nouveau comprendre le monde dans lequel on vit. Avec lui nous sommes en confiance car nous savons que jamais il ne voudra nous imposer de conclusion, ni de leçon d’aucune sorte.
Le théâtre du Globe était surmonté de l’épigraphe latine Totus mundus agit histrionem (le monde entier est une scène de théâtre) car selon une perspective très courante pendant la Renaissance l’artifice propre à l’art du comédien constitue le seul moyen de nous initier à la réalité trompeuse du monde. On aime avec Juliette, on souffre avec Lear, on réfléchit avec Hamlet, en observant avec Shakespeare comment l’époque médiévale laisse la place, non sans déchirement, à une nouvelle ère dont nous sommes encore les rejetons : Copernic, Caravaggio, Bacon, Galilée, Monteverdi, Rubens… Aujourd’hui nous avons de nouveau besoin d’une telle catharsis. Le mouchoir blanc de Desdémone aux broderies de cerises si rouges, comme le symbole d’une virginité qu’on ne cesse de perdre.
Car voici la profession de foi de Iago dans l’opéra de Verdi « Je crois en un Dieu cruel qui m’a créé semblable à lui, et que dans la colère je nomme. / De la vilenie d’un germe ou d’un atome / vil je suis né. / Je suis scélérat / Parce que je suis homme, / et je sens la fange originelle en moi. » Boito comprend qu’Othello est une pièce pour iconoclaste. Être une icône : un héros, le plus étranger possible, le plus « autre » possible : le maure. Et nous assisterons avec effroi à la Naissance de l’homme re-naissant : le héros-iconique doit mourir pour faire la preuve de son humanité. « Du sang, du sang, du sang » s’exclame Othello à la scène 3 de l’Acte III, alors qu’Hamlet avait auparavant proclamé l’insuffisant Words, Words, Words …
Les mots ici sont des armes, ils seront le poison versé dans l’oreille d’Othello par Iago qui nous montre, tel que le ferait un metteur en scène impitoyable, combien nous ne sommes faits que de signes et combien ils sont réversibles. Mais on peut aussi rêver qu’il s’est donné pour mission de faire un acteur complet d’un comédien novice qui se prendrait pour un héros.
Car Othello ce sont les notes de Stanislavski préparant la mise-en-scène en convalescence à Nice, il entend le rôle comme une partition musicale. Othello c’est le film de l’américain Orson Welles qui obtint la palme d’or pour le Royaume du Maroc lors du festival de Cannes de 1952. C’est Sir Laurence Olivier affirmant en 1965 que pour jouer le rôle il doit trouver « une voix bien plus puissante et profonde » que ne l’est la sienne…
Le voyage de l’Afrique à Venise, de Venise à Chypre, d’aventures guerrières en tempêtes, se transformera bientôt en un voyage à l’intérieur du cœur à vif d’un homme qui doute de la façon la plus radicale possible. Éprouvant ce doute qui est aussi à l’origine de la pensée critique moderne, ce doute capable de faire vaciller le monde tout entier…
Totus Mundus agit histrionem.
Nicolas Bouchaud, Jean-François Sivadier et Véronique Timsit
Jean-François Sivadier offre un bain de jouvence à « Othello ». Les Inrockuptibles
Une adaptation palpitante du chef-d’oeuvre shakespearien. Télérama
La superbe mise en scène d’Othello par Jean-François Sivadier s’installe au Théâtre de l’Odéon. Quand la simplicité s’allie à la puissance, le sens comique à la profondeur tragique, le théâtre offre un plaisir inégalable. La Terrasse
Porté par des acteurs formidables, Jean-François Sivadier transforme sur la scène de l’Odéon la tragédie en pièce ultracontemporaine, en respectant pourtant à la lettre le texte de Shakespeare. Libération
Jean-François Sivadier, Élève de l’école du Théâtre National de Strasbourg, est comédien, metteur en scène et auteur. Il travaille comme comédien, notamment, avec Didier-Georges Gabily, Dominique Pitoiset, Alain Françon, Laurent Pelly, Stanislas Nordey, Jacques Lassalle, Daniel Mesguich, Christian Rist, Serge Tranvouez, Yann- Joël Collin…
En 1996, il reprend la mise en scène, laissée inachevée par Didier-Georges Gabily, de la création de Dom Juan / Chimère et autres bestioles au Théâtre National de Bretagne à Rennes.
Il écrit, met en scène et interprète Italienne avec orchestre qu’il crée au Cargo à Grenoble en 1997 ; il donne une deuxième partie au spectacle avec Italienne scène et orchestre, créé dans le cadre de Mettre en Scène Edition Spéciale au TNB Rennes en 2003, et reçoit le Grand Prix du Syndicat de la critique de la saison 2004/2005 (édité aux Solitaires Intempestifs). Il écrit en 1998 une première version de Noli me tangere présentée sous forme d’impromptu au Festival Mettre en Scène et enregistrée par France Culture lors du Festival d’Avignon. Pour le TNB il écrit et met en scène une nouvelle version de Noli me tangere en janvier 2011, avant de présenter le spectacle à l’Odéon Théâtre de l’Europe, aux Ateliers Berthier, et par la suite en tournée.
Il a créé au TNB La Folle journée ou le Mariage de Figaro de Beaumarchais en 2000 ; La Vie de Galilée de Bertolt Brecht en 2002 ; La Mort de Danton de Georg Büchner en 2005 qui lui vaut un Molière de la mise en scène. Il crée au Festival d’Avignon 2007, dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes Le Roi Lear de Shakespeare. Il monte en avril 2009 La Dame de chez Maxim de Georges Feydeau d’abord au TNB puis à l’Odéon– Théâtre de l’Europe.
Il crée au TNB Le Misanthrope de Molière en 2013, puis crée au TNB Dom Juan de Molière en 2015. En 2019, il crée Un Ennemi du Peuple d’Henrik Ibsen à la MC2 : Grenoble. En février 2021, il crée à la MC93 de Bobigny son dernier texte Sentinelles, avec sa Cie Italienne avec Orchestre. Jean-François Sivadier enseigne par ailleurs dans les écoles de théâtre. Il a été artiste associé au Théâtre National de Bretagne, Centre européen de production théâtrale et chorégraphique de 2000 à 2016.
Il joue et co-met en scène Partage de Midi de Paul Claudel à la Carrière Boulbon, avec Nicolas Bouchaud Valérie Dréville, Gaël Baron, Charlotte Clamens pour le festival d’Avignon 2008.
Il travaille régulièrement à l’Opéra de Lille, pour lequel il met en scène Madame Butterfly de Puccini en 2004 ; Wozzeck d’Alban Berg en 2006 ; Les Noces de Figaro de Mozart en 2008 ; Carmen de Bizet en 2010 à l’Opéra de Lille. Au Festival d’Aix-en-Provence en 2011, il met en scène La Traviata de Verdi. En mars 2012, à l’Opéra de Lille, il met en scène Le Couronnement de Poppée de Monteverdi et Le Barbier de Séville de Rossini en 2013. En 2016, il crée Don Giovanni de Mozart au Festival d’Aix-en- Provence.
Il a participé aux deux saisons de la série Les Revenants création de Fabrice Gobert pour Canal Plus et dans Jeux d’influence de Jean-Xavier de Lestrade pour ARTE.