Profondément humaniste, le théâtre de Didier Ruiz est une expérience artistique unique, bouleversante, qui place l’Homme au cœur de son projet par sa parole partagée et sa présence plus que jamais vivante.
dès 15 ans
Départ Place de la Liberté – Toulon à 19h20
Retour 20 mn après la fin du spectacle
« Donner à voir et à entendre une humanité partagée », telle est la mission du théâtre pour Didier Ruiz, fondateur de la bien nommée Compagnie des Hommes et metteur en voix d’une parole accompagnée. Car, une fois encore, le metteur en scène a fait le choix de la partition orale et non d’un texte pour donner corps à sa nouvelle pièce chorale. Après les ex-prisonniers d’Une longue peine qui témoignaient de leurs longues années en détention, après les personnages transgenres de TRANS (més enllà), Que faut-il dire aux Hommes ? est le dernier volet de son triptyque consacré aux invisibles, engagés dans des convictions pour atteindre la liberté. Si la religion n’intéresse pas l’homme de théâtre en tant que telle, la spiritualité oui, pour conserver son statut d’humain, vivre avec les autres et penser à la mort. Sujet universel, mais sensible et délicat, abordé au plateau par sept femmes et hommes mis en espace avec la complicité du chorégraphe Tomeo Vergés et de la dramaturge Olivia Burton.
Votre nouvelle création évoque la spiritualité. Comment définiriez-vous cette spiritualité ?
Didier Ruiz – La spiritualité telle que je l’entends est un souffle invisible qui peut nous animer à des moments où nous avons besoin d’être aspirés vers le haut. C’est un sentiment que je rencontre lorsque je suis dans la forêt. C’est tellement beau et fort ! J’aimerais pouvoir imaginer que c’est alimenté par une force qui m’échappe, sur laquelle je ne mets pas de nom.
Comment inscrire cette spiritualité dans l’espace du théâtre, sur scène ?
D. R. Dès l’origine, le théâtre est le lieu du sacré. Ou en tout cas le lieu du rite, de la cérémonie, le lieu qui convoque le partage dans un recueillement. C’est l’un des rares lieux qui convoque encore ça aujourd’hui. Bien plus que dans des églises qui sont la plupart du temps désertes. Je crois très fort que le théâtre est un lieu du spirituel. Les gens se retrouvent pour participer à ce rite à la fois sacré et païen. Tout simplement parce que le théâtre parle de nous. On se reconnaît, au théâtre, bien plus que si l’on parlait d’une divinité tombée du ciel qui n’intéresse personne. Le rite théâtral NOUS concerne parce qu’il NOUS met en pratique, il NOUS met en scène et donc il NOUS parle.
Les acteurs de ce spectacle ne sont pas des acteurs. Comment sont-ils actifs dans votre spectacle ?
D. R. Ils sont sept et ce ne sont pas des acteurs, en effet. Ils ont une partition orale qui leur appartient mais sans texte préétabli.
Ces personnes sont liées à la spiritualité de manières différentes. Il y a des professionnels de la religion et des simples pratiquants. Ce sont tous des gens extrêmement éclairés par rapport à leur religion, pas des extrémistes.
Ils ont une présence énorme, d’une théâtralité évidente, dans une mise à nu très forte. C’est un théâtre sans artifices.
« Nous avons besoin de soleil », disiez-vous en présentant ce spectacle. Quel est ce soleil qui vous accompagne ?
D. R. En tant que latin, le soleil est au centre de ma vie. Je parle également d’une lumière et d’une énergie qui nous accompagnent, qui font que nous sommes des Hommes tout simplement. Si nous n’étions pas mus par ce besoin d’énergie et de lumière, ce serait dommage ; nous resterions à jamais des grands singes intelligents. J’ai envie d’un soleil qui soit un repère dans le ciel, qui nous fasse nous redresser et relever la tête. Le soleil nous permet de redresser le regard et d’être dans la verticalité, donc dans la dignité, d’avoir un regard plus ouvert sur les autres.
Propos recueillis par François Rodinson
pour la scène nationale Châteauvallon-Liberté
Texte écriture collective
Mise en scène Didier Ruiz
Avec Adel Bentounsi, Marie-Christine Bernard, Olivier Blond, Eric Foucart, Grace Gatibaru, Jean-Pierre Nakache et Brice Olivier
Collaboration artistique Tomeo Vergés
Dramaturgie Olivia Burton
Assistanat à la mise en scène Myriam Assouline et Céline Hilbich
Scénographie Emmanuelle Debeusscher assistée de Floriane Benetti
Costumes Solène Fourt
Lumière Maurice Fouihé
Musique Adrien Cordier
Production La compagnie des Hommes.
Coproduction Châteauvallon-Liberté, scène nationale / MC93 – maison de la culture de Seine-Saint-Denis / Le Channel, scène nationale de Calais / Scène Nationale de l’Essonne, Agora – Desnos / Mairies d’Arpajon, La Norville et Saint-Germain-lès-Arpajon / Théâtre Chevilly-Larue / Fontenay-en-scènes, Fontenay-sous-Bois / la maison des métallos, Établissement Culturel de la Ville de Paris Avec l’aide à la création de la Région Île-de-France, l’aide à la résidence de la Mairie de Paris et avec le soutien (en cours) des fondations ECArt Pomaret et Un monde par tous sous l’égide de la Fondation de France et de la SPEDIDAM.
Avec l’accueil en résidence aux Bords de scènes, Grand-Orly Seine Bièvre. Avec la participation artistique du Jeune théâtre national et de l’ENSATT
La compagnie des Hommes est conventionnée par le ministère de la Culture DRAC Île-de-France et par la Région Île-de-France au titre de la permanence artistique et culturelle.
Elle est subventionnée par le ministère de la Culture DRAC Île-de-France et le Département de l’Essonne pour sa résidence à Arpajon, La Norville et Saint-Germain-lès-Arpajon.
Photo de présentation © Emilia Stefani Law
Photo galerie n°1 © Raul Martinez
Texte © Marie Godfrin-Guidicelli