Être père sans passer par la case hétéro cela ne va toujours pas de soi dans la France d’aujourd’hui en dépit des avancées sociétales. À partir d’un évènement perturbant, Christophe Honoré a écrit un roman autour de ces questions. L’adaptation qu’en tire Thomas Quillardet est un engagement à vivre sa vie sans honte et sans peur.
Mardi 29 novembre 2022 — 19h10
Réservation conseillée et possible jusqu’à la veille du spectacle par téléphone au 09 800 840 40
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Un jour, un homme trouve un mot punaisé sur sa porte : « Guerre et Paix : contrepèterie douteuse. » Visiblement cela gêne quelqu’un qu’un homme puisse être gay et père… Au malaise provoqué par cette première intrusion succède une nouvelle agression anonyme : une enveloppe éventrée contenant le Journal d’André Gide souillé d’excréments. L’homme est alors envahi par un « sentiment de méfiance généralisée », de doute, la peur d’avoir mal fait, d’avoir dès l’origine engagé sa vie sur de mauvais rails. De quoi doit-il se sentir coupable ? Est-il un danger pour son enfant ? Qui veut lui nuire ? Cette mésaventure autobiographique a inspiré à Christophe Honoré le roman Ton père qu’on peut lire comme une enquête, une introspection, les souvenirs d’un jeune homosexuel breton, ou simplement une lettre adressée à sa fille… Dès sa parution en 2017, Thomas Quillardet a fait sien ce texte et à son tour il a voulu s’interroger sur la famille, la filiation, la transmission. Il lui était urgent de partager cette parole qu’il a placée au cœur d’un dispositif quadrifrontal : le public entoure les acteurs, dans une situation de proximité maximale, permettant de poser au plus près la question éminemment politique de l’intime.
D’après Ton père de Christophe Honoré publié aux éditions Mercure de France
Adaptation et mise en scène Thomas Quillardet
Avec Thomas Blanchard, Claire Catherine, Morgane el Ayoubi, Josué Ndofusu et Etienne Toqué
Assistanat à la mise en scène Titiane Barthel
Scénographie Lisa Navarro
Costumes Marie La Rocca
Régie générale Titouan Lechevalier
Lumières Lauriane Duvignaud ou Nicolas Hadot
Aide à la chorégraphie Jérôme Brabant
Direction générale Fanny Spiess
Production et administration Maëlle Grange
Production et diffusion Marie Lenoir
Logistique de tournée Marion Duval
Production 8 avril
Coproductions Comédie – CDN de Reims / Le Trident – Scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin / Théâtre de la Cité – CDN Toulouse Occitanie / Le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines – Scène Nationale / Le Théâtre de Chelles, Le Gallia – Scène conventionnée de Saintes / Le Pont des Arts – Centre culturel de Cesson-Sévigné et Festival d’Automne à Paris
Soutiens DRAC Ile-de- France / Région Ile-de-France / ADAMI / Le Théâtre de Vanves
Avec le dispositif d’insertion de l’ÉCOLE DU NORD, soutenu par la Région Hauts-de-France et le Ministère de la Culture
Remerciements à la Ville de Cherbourg en Cotentin
Photos © Matthieu Edet
Texte © Frédéric Mari
Une légèreté et une justesse du jeu en accord avec la vivacité de l’écriture et ses sauts dans le temps. La force du spectacle autant que sa délicatesse tiennent dans la confiance absolue que Thomas Quillardet accorde au texte et au talent des acteurs pour le faire vivre. Médiapart
Thomas Quillardet livre une adaptation aussi sobre que sublime du roman de Christophe Honoré. Emmenée par Thomas Blanchard, sa troupe de comédiens, d’une précision rare, alterne entre délicatesse et élégance. […] Cette mise sur écoute, Thomas Quillardet la mène d’une main de maître, avec une délicatesse qui transforme son adaptation en bijou finement ciselé. Dans sa direction d’acteurs, il impose juste ce qu’il faut de distance pour conserver l’émotion originelle, sans, pour autant, verser dans le pathos. En narrateur omniprésent, Thomas Blanchard la joue les yeux dans les yeux avec ses auditeurs et s’inscrit dans une logique de partage de l’intime d’une émouvante simplicité. Répartis dans le public, dans un dispositif quadri-frontal, les comédiens qui l’accompagnent se manifestent ou bondissent lorsqu’ils sont convoqués. Glissant de rôle en rôle sans autre signe distinctif que leur qualité de jeu, ils se montrent d’une justesse et d’une précision rares dans leur engagement, et instillent de la chaleur et de l’élégance dans le procédé. Les passages groupés agissent alors comme des joyaux, des bulles d’oxygène, des madeleines, volées au temps, à la vie et aux tourments intimes. Preuve que le théâtre peut bouleverser, y compris dans son plus simple appareil. Sceneweb
Thomas Blanchard se lance dans les mots de Ton père avec une simplicité désarmante. Les yeux dans les yeux avec les spectatrices et spectateurs, il déjoue les pièges du surjeu psychologique, de l’affectation sarcastique, du surplomb théâtral. De plain-pied avec le narrateur et les situations qu’il incarne, le comédien nous raconte cette histoire à travers une sincérité de chaque instant. Réflexion sur l’homoparentalité et la question de la norme, critique des idées rances et des actes coupables d’une France réactionnaire et homophobe voulant peser sur un sujet qui ne la concerne pas, Ton père s’offre à nous comme une avancée impressionniste au sein d’une enquête policière. La Terrasse
Haro à tous les empêcheurs de tourner en ronds, à tous les étriqués d’esprits, le lien filial ne se commande pas, il se crée, se construit, s’impose de lui-même par-delà la norme, Ton père est un spectacle délicat et essentiel sur un sujet sensible. Un manifeste pour la tolérance. L’œil d’Olivier
L’intelligence est au rendez-vous, la délicatesse de même, les comédien·nes sont tous·tes irréprochables, Thomas Quillardet a rendu justice à l’esprit du livre. Les Inrockuptibles
J’ai commencé à lire ce livre de Christophe Honoré en décembre 2017. Après sa lecture, je l’ai immédiatement contacté pour lui proposer de l’adapter au théâtre. J’y ai vu un récit simple et poétique où ce qui est dit conjure la peur d’être différent, les doutes qu’une société corsetée installe dans les imaginaires de chacun. Le récit est rapide, construit comme une intrigue policière, ce qui est un défi théâtral tout à fait stimulant. Cette narration très précise et haletante suit aussi les méandres de l’intime, du rêve, du désir, de la peur, de l’envie, du souvenir. Ce qui fait de Ton père un récit riche, complexe et nuancé oscillant sans cesse entre des puissances de vie et les assauts du réel. Ce livre ne prend jamais les contours du manifeste. C’est un livre qui doute d’abord et qui s’affirme ensuite. J’aime les doutes du narrateur. J’aime quand il se souvient de son adolescence en Bretagne. Et de ses premiers désirs. De sa maladresse qu’il arrive à transformer en assurance. J’aime la tendresse qui se dégage de ce récit. Mais j’aime aussi son absence de complaisance. J’aime voir ce père qui est père mais qui vit sa vie d’homme. J’aime voir un homme qui ne lâche rien de ce qu’il aime. J’aime voir un homme qui vacille et qui écrit qu’il vacille.
Ton père est un spectacle sur le doute. Comment agir quand la société nous renvoie que nous sommes douteux ? Qui doute de qui ? Ton père est un spectacle sur l’héritage. Comment se construit notre histoire intérieure et que transmet-on à nos enfants ? Que fait-on de nos souvenirs ? Où se logent ils ? C’est un spectacle qui interroge la famille, la filiation, la figure du père (plus largement celle des parents) et les choix de chacun. Pour reprendre le titre du film de Jean-Luc Godard, c’est un récit qui invite à Vivre sa vie.
Thomas Quillardet
Adolescent cinéphile, Christophe Honoré suit des études de Lettres Modernes et de cinéma en Bretagne. Il monte à Paris en 1995, année de la publication de Tout contre Léo, son premier livre pour enfants, un genre dans lequel il se fait un nom, en abordant des thèmes jusqu’alors tabous (le sida, l’homoparentalité). Également auteur de romans « adultes » salués par la critique (L’Infamille, La Douceur) et dramaturge, il réalise en 2000 son premier court métrage, Nous deux, et collabore au scénario du film Les Filles ne savent pas nager. À la fin des années 90, Christophe Honoré signe dans les Cahiers du Cinéma des textes polémiques dont le héros est un dénommé Roland Cassard, clin d’œil à un personnage-clé de l’œuvre de Demy. On retrouve cette référence au réalisateur de Lola dans le titre de son premier long métrage, Dix-sept fois Cécile Cassard, sorti en 2002. Portrait éclaté d’une femme en deuil, ce premier opus éclairé par la présence de Béatrice Dalle est projeté au Festival de Cannes dans le cadre de la section Un Certain regard. Coscénariste pour Jean-Pierre Limosin (Novo) ou Gaël Morel (Le Clan, Après lui), Honoré relève le défi de porter à l’écran Ma mère, roman réputé inadaptable de Bataille, avec, dans le rôle d’une femme qui initie son fils à la débauche, la téméraire Isabelle Huppert. La relation fraternelle, thème-fétiche de l’écrivain Honoré, est au cœur de Dans Paris, troisième long métrage léger et mélancolique, au parfum Nouvelle Vague, avec Romain Duris et Louis Garrel. Le film fait un tabac à la Quinzaine des Réalisateurs en 2006. Fort de ce succès, le cinéaste s’attelle sans tarder à un projet audacieux, Les Chansons d’amour (2007), une comédie musicale avec son acteur-fétiche Louis Garrel, entouré de Ludivine Sagnier et Clotilde Hesme cette fois, en course pour la Palme d’or. Prolifique, il tourne ensuite La Belle personne (2008), transposition de La Princesse de Clèves de nos jours, dans un lycée du XVIe arrondissement. Au moment où ce film, initialement destiné au petit écran, sort en salles, Honoré tourne déjà son opus suivant, dans sa Bretagne natale, Non ma fille, tu n’iras pas danser avec Chiara Mastroianni, qu’il retrouve deux ans plus tard pour son drame Homme au bain, aux côtés de l’acteur de films pornographiques gays, François Sagat.
Après avoir écrit le scénario de la comédie Let My People Go !, réalisé par Mikael Buch, il retrouve une nouvelle fois ses acteurs fétiches (Louis Garrel, Chiara Mastroianni, Ludivine Sagnier), accompagnés par Catherine Deneuve, pour tourner son nouveau film musical, Les Bien-aimés. Présenté en clôture du festival de Cannes 2011, ce film, bercé par les compositions musicales d’Alex Beaupain, présente les amours d’une mère et de sa fille, entre le Paris des années 60 au Londres d’aujourd’hui. En 2018, il signe Plaire, aimer et courir vite, en compétition au Festival de Cannes.
Son premier spectacle, les Quatre Jumelles de Copi est joué à Agiktat (Paris) en 2004. Il organise en novembre 2005 le festival Teatro em Obras au Théâtre de la Cité Internationale et au Théâtre Mouffetard dans le cadre de l’année du Brésil. Il s’agissait d’un cycle de douze lectures de jeunes dramaturges brésiliens et de la mise en scène de Le Baiser sur l’Asphalte de Nelson Rodrigues. En 2006, il rejoint le collectif Jakart et Mugiscué. Le collectif est associé au Treize Arches – Théâtre de Brive et au Théâtre de L’Union-CDN du Limousin jusqu’en 2014. En 2007, il monte à Rio de Janeiro et à Curitiba un diptyque de Copi avec des acteurs brésiliens : Le Frigo et Loretta Strong grâce à la bourse Villa Médicis hors les murs et en 2008, il met en scène, Le Repas de Valère Novarina au Théâtre de l’Union à Limoges et à La Maison de la Poésie à Paris. En 2009, dans le cadre de l’année de la France au Brésil, il crée au SESC Copacabana (Rio de Janeiro) L’Atelier Volant de Valère Novarina avec des acteurs brésiliens. En 2010, il met en scène avec Jeanne Candel Villégiature, d’après Carlo Goldoni au Théâtre de l’Union à Limoges et au Théâtre de Vanves qui fera une tournée pendant quatre saisons. En 2012, Les Autonautes de la Cosmoroute d’après Julio Cortazar et Carol Dunlop est joué à La Colline – Théâtre National et au CDN de Limoges. Les Trois Petits Cochons, au Studio Théâtre de la Comédie – Française. (2012) L’Histoire du Rock par Raphaèle Bouchard en 2013. Nus Féroces et Anthropophages mis en scène avec Marcio Abreu et Pierre Pradinas en 2014. A geladeira, de Copi au SESC Copacabana à Rio de Janeiro (Brésil) en 2015.
En 2015, il crée une nouvelle compagnie 8 avril et monte les spectacles suivants : Montagne à la scène nationale de Gap et en tournée au Japon (Kinosaki Onsen et Tokyo) en 2016 ; Où les cœurs s’éprennent d’après Eric Rohmer à la Scène nationale de St Nazaire et au Théâtre de la Bastille (Paris) et en tournée et Tristesse et joie dans la vie des girafes de Tiago Rodrigues au Festival d’Avignon 2017. En 2018, il adapte et met en scène avec Marie Rémond : Cataract Valley, d’après la nouvelle Camp Cataract de Jane Bowles, spectacle qui sera repris à l’Odéon – Théâtre de l’Europe en mai 2019 et Le Voyage de G. Mastorna d’après Fellini à la comédie française. En 2019, il s’engage dans la re-création de L’Histoire du Rock par Raphaële Bouchard avec La Comédie de Reims, CDN. En 2020, deux nouvelles créations : L’Encyclopédie des Super-héros (avec le Théâtre du Sartrouville – CDN) spectacle à partir de 9 ans et Ton père. Membre du comité lusophone de la Maison Antoine Vitez, Thomas Quillardet traduit des pièces brésiliennes et portugaises, notamment les auteurs Marcio Abreu, Tiago Rodrigues, Joana Craveiro ou encore Gonçalo Waddington.