Trajectoires est une proposition inédite du duo d’artistes F&G suite à l’invitation lancée par Le Liberté + In&Out. Les deux artistes proposent une déambulation dans l’espace du théâtre et invitent à un parcours à la fois physique et mental rythmé par leurs œuvres. Les artistes abordent les identités de genre, les orientations sexuelles et les dimensions sociale et politique qu’elles revêtent. Derrière le caractère coloré et festif de leurs œuvres, F&G questionnent le poids de la politique, les failles de notre société et les blessures qu’elles occasionnent à l’humain.
Conçue spécialement pour le 3ème Marche des Fiertés à Toulon, ZAD prend initialement la forme d’une zone délimitée dans l’espace public. Ponctuée de bannières avec des incitations visuelles et textuelles liées aux orientations sexuelles et aux identités de genre, l’œuvre est propice aux débats. La ZAD a été conçue comme un espace convivial et accueillant, composé de tapis – une agora éphémère – sur lesquels le.s participant.e.s ont pu s’installer pour débattre durant la journée du 24 septembre 2022 et à l’issue de laquelle, chaque bannière a été portée lors de la Marche des Fiertés. Pour Le Liberté, le duo d’artistes décide de rejouer la ZAD en parcours fragmenté. En déambulant dans le hall du théâtre, les spectateur.trice.s peuvent s’arrêter sur chaque forme. Le 3 décembre, la ZAD retrouvera sa forme initiale lors de la rencontre performance de Frédéric Nauczyciel, Lisa Revlon, Matyouz Ladurée, Missy da Kunt et et Dale Blackheart sur la scène de la salle Albert Camus.
L’œuvre questionne la légitimité et les limites de la création imaginaire d’un Ministère Queer. Si certain.e.s y verront une opportunité de rendre « officiellement » visibles les luttes queer, d’autres retiendront le cynisme et l’opportunisme d’un état qui se sera approprié un terme politique (initialement insulte homophobe) pour pinkwasher la politique. Les lettres évidées permettent de faire apparaître le texte tout en signifiant à quel point les termes semblent avoir été vidés de leur sens. Les confettis renvoient à la fête et leur couleur questionne la symbolique du doré (divin, richesse, pouvoir…).
F&G débutent la série LA FÊTE dans un contexte où les moments festifs sont remis en question pour cause de pandémie mondiale. Les œuvres de cette série prennent pour matière des marqueurs identifiables de la fête (confettis, guirlandes, sequins…). Pour Le Liberté, le duo d’artistes cite Christophe Honoré (extrait de Ton père). « Le temps tranquille de la norme » renvoie ici à ce que la norme attend d’un gay : une sexualité et un rapport à la fête débridé, excessif… En choisissant d’inscrire cette phrase sur le sol du Liberté, le duo d’artistes laisse la possibilité aux spectateur.trice.s de piétiner ou de contourner cette norme. L’œuvre trouvera une résonance particulière lors de la Nuit Liberté du 3 décembre. Une nuit durant laquelle les participant.e.s feront la fête sur cette phrase jusqu’à la faire disparaitre sous leurs pas de danse. Jusqu’à faire disparaître cette norme ?
Né.e.s en 1984 dans le sud de la France où elle & il vivent actuellement, F&G se définissent comme méditerranéen.ne.s. Professeur.e.s agrégé.e.s d’arts plastiques et artistes ce duo revendique une approche pédagogique de l’art où chacun.e trouve sa place et prend sa part. Conscient.e.s des évolutions de notre société et de sa complexité, les deux artistes abordent dans leurs œuvres des sujets qui la traversent et qui la crispent. Témoins de leur temps, elle & il cherchent à conserver par leurs œuvres, des traces d’histoires à la fois singulières et communes. Leur approche mêle une réalité d’adulte et l’innocence des matériaux qui racontent avec satire et cynisme les enjeux à défendre. Socialement engagé.e.s et personnellement concerné.e.s par les sujets qu’elle & il abordent, le duo d’artistes revendique une démarche artistique militante.