Un opéra méditerranéen pour six danseurs, un comédien, neuf musiciens traditionnels et classiques, une mezzo-soprano et un immense miroir… Une aventure poétique inspirée par les mots de René Char et nimbée de rebétiko, cette musique grecque aux accents rebelles qui emprunte à la Turquie sa couleur orientale.
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Tarif spécial à 4 € de 19h à 2h les soirs de représentation au parking Q-Park Liberté, place de la Liberté en réservant ici.
La belle histoire artistique des deux frères Thabet a débuté en 2012 avec Rayahzone (« voyage » en arabe) avant de se poursuivre avec Nous sommes pareils à des crapauds et En attendant les Barbares. Trois créations et trois coups de maître ! Après une mise en retrait volontaire, les voici de retour sur scène qui reprennent le fil où ils l’avaient laissé : dans l’attirance pour la Grèce et ses mythes, dans les volutes des accents rebelles du rébétiko, des chants tunisiens et de la poésie de René Char. Le tout agrémenté d’extraits du film L’ordre de Jean-Daniel Pollet sur les derniers lépreux de l’île de Spinalonga. Ainsi prend forme leur quatrième dialogue complice, [‘UWRUBBA], qui met en résonance histoire ancienne et contemporaine, bannis d’hier et d’aujourd’hui, à travers la trame du mythe de Narcisse.
Conception Ali et Hèdi Thabet
Les danseurs Victoria Antonova, Benfury, Béatrice Debrabant, Julia Färber, Artémis Stavridi et Natalia Vallebona
Le comédien Hèdi Thabet
Les musiciens Catherine Bourgeois (chanteuse lyrique), Mourad Brahim (chant, kanun), Michalis Dimas (bouzouki), Stefanos Filos (violon), Ilias Markantonis (clarinette, ney, laouto, chant), Ioannis Niarchios (chant, guitare) et Foteini Papadopoulou (chant, baglama)
Conception dramaturgique Hèdi Thabet
Direction musicale Ali Thabet
Scénographie et costumes Florence Samain
Lumières Patrick Clitus
Son et vidéo Aurélien Cros
Production déléguée Etat d’esprit productions
Coproduction Théâtre National Wallonie- Bruxelles / Les Théâtres de la Ville de Luxembourg / Maison de la Culture d’Amiens / ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie / Maison des Arts de Créteil / La Comète – scène nationale de Châlons-en-Champagne / Théâtres en Dracénie – Draguignan
Avec le soutien de l’Adami, de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Chaire Mahmoud Darwich/Bozar, de La Villette, Paris,des Halles de Schaerbeek et de Wallonie Bruxelles International
Action financée par la Région Île-de-Fance
Photo de couverture © Thomas Hahn
Photos n°1 et 2 © Andrea Messana
Photo n°3 © Florence Samain
Texte © Marie Godfrin-Guidicelli
Avec ‘UWRUBBA, Ali et Hèdi Thabet composent une œuvre polyphonique et difractée, troublant les réponses et les définitions toutes faites sur ce qui est beau et ce qui ne l’est pas, ce qui vaut la peine d’être vécu et ce qui ne le vaut pas. Dominique Crebassol — Journal du ThéâtredelaCité
Comme un miroir tendu, un écran sert d’écrin à la chorégraphie de six danseurs, qui donnent vie à un spectacle total, à la croisée de la danse, de la musique, de l’image et de la poésie de René Char. Stéphane C. Jonathan — Sud Ouest
Sur une terrasse méditerranéenne, ils accompagnent six danseurs et un comédien dans une épopée vivante et poignante comme un morceau d’humanité. Musique, poésie, danse et images vidéo dialoguent sur scène dans la tentative d’un spectacle total et ouvert. Nathalie Yokel — La Terrasse
Les frères Thabet […] puisent de nouveau, aux racines de leur démarche artistique, à l’intersection vivifiante de l’Europe et de l’Orient, entremêlant danse, musique, poésie et cinéma pour une envoûtante partition met- tant en résonance les bannis d’hier et d’aujourd’hui. Le Parisien
Ali est attiré par la musique, Hèdi a toujours été happé par la poésie. Mais en réalité, ce sont deux musicalités qui résonnent ensemble au sein du silence, qui s’équilibrent dans un dialogue. Équilibristes, Ali et Hèdi Thabet le sont, comme ils sont danseurs, circassiens mais avant tout artistes de l’impondérable, interprètes des convulsions du temps.
Après une ascension fulgurante en trois pièces (Rayahzone, Nous sommes pareils à ces crapauds et En attendant les Barbares), Ali et Hèdi Thabet ont décidé de se mettre en retrait pendant deux ans, de « faire un grand pas en arrière ». Façon d’échapper à un impératif de création qui serait artificiel ou inauthentique. « Sinon, on devient des chefs d’entreprise », affirment-ils.
Aujourd’hui, ils reviennent et reprennent le fil où ils l’avaient laissé : dans l’attirance pour la Grèce et ses mythes, un des berceaux de l’Europe, dans les volutes du rébétiko, cette musique grecque aux accents rebelles qui emprunte à la Turquie sa couleur orientale, dans les chants tunisiens et la poésie de René Char.
Leur nouvelle pièce, puise aux racines de leur démarche artistique au croisement entre Europe et Orient. Autour de la parole de Raimondakis, un des derniers lépreux de l’île de Spinalonga, et de la figure de Narcisse, symbole de la beauté mais aussi de l’amour et de l’exil, Ali et Hèdi Thabet mettent en scène un spectacle total proche de l’opéra dans son intensité et dans sa forme accessible à tous.
Six danseurs accompagnés sur scène par neuf musiciens traditionnels et classiques, dont une mezzo-soprano qui interprétera des airs polyphoniques médiévaux et du Vivaldi, donneront corps à cette aventure poétique. Quant à l’immense miroir posé sur scène, il reflétera des extraits du film L’Ordre de Jean-Daniel Pollet, consacré aux derniers lépreux de l’île de Spinalonga, une façon de mettre en résonance bannis d’hier et d’aujourd’hui.
Pourquoi avoir choisi la Grèce, ses mythes et sa musique comme source d’inspiration ?
Ali Thabet – Après le succès et l’enchaînement de nos trois dernières pièces, nous avions chacun besoin de nous mettre en retrait ; faire le vide, pour pouvoir repartir en création. Il y a quelques mois, je suis venu vivre à Athènes, un lieu en phase avec mon cheminement personnel, aux origines de l’idée européenne et pourtant baigné de culture orientale. C’est là que j’ai découvert toute la richesse du rébétiko. Très semblable aux compositions arabes et tunisiennes, c’est une sorte de blues oriental nourri de musiques tziganes, aux textes très contemporains.
Hèdi Thabet – Pendant ces deux dernières années de retrait, j’ai cherché moi aussi à redéfinir mon parcours en interrogeant la nécessité et le sens de la création. Cette question en recouvrait beaucoup d’autres, notamment sur la place de la poésie, de la musique et du mouvement. Un jour, une spectatrice croisée à la sortie d’une représentation à Athènes m’a parlé du mythe de Narcisse, qui ne se résume pas à la seule dimension du miroir mais parle aussi de beauté, d’amour et d’exil. À partir de cette rencontre, j’ai voulu me lancer dans une interprétation libre et poétique de ce mythe en y conviant les formes artistiques qui me tiennent à cœur.
Comment allez-vous incarner cette fusion sur scène ?
H. T. – Hormis une terrasse méditerranéenne sur laquelle se tiendront les neuf musiciens, le plateau va demeurer nu pour accueillir les danseurs, avec des individualités très diverses. Le personnage de Narcisse ne sera pas matérialisé par un individu mais par le corps des six danseurs, guidés par la voix de la chanteuse lyrique. Au travers de l’immense miroir de Narcisse surgira un extrait du film de Jean-Daniel Pollet L’Ordre, sur les derniers lépreux de l’île de Spinalonga. La parole d’un de ces bannis résonnera comme une confrontation avec la question intime et sociale du mythe. Accompagnés par cette figure réelle au travers de la trame du mythe, nous traverserons les chemins sinueux de notre condition d’acteur et de spectateur.
A. T. – La composition du groupe des musiciens reflète elle aussi ce désir d’un art total et ouvert : Il y aura un joueur d’instruments traditionnels tunisiens (l’oud et le kanun), également chanteur et percussionniste, cinq musiciens grecs (violon, bouzouki, clarinette, baglama, …) une mezzo-soprano qui interprétera du Vivaldi et des airs du répertoire médiéval polyphonique italien, proche des musiques andalouses et marocaines.
La carrière d’Ali Thabet est riche de multiples expériences artistiques. Sa curiosité le porte tout d’abord à étudier la photographie de 1994 à 1997 à l’École de la photographie de Bruxelles. Il intègre en 2000 le Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne. Depuis, il est tour à tour ou simultanément danseur, circassien, acteur, chanteur et travaille sous la direction des plus grands, de Joseph Nadj (danseur-circassien dans Il n’y a plus de firmament – 2004), à Francis Viet en passant par Sidi Larbi Cherkaoui (Tempus Fugit – 2005, Sutra – depuis 2009, Tezuka – 2011), et Philippe Découflé (danseur-acteur-chanteur dans Cyrk 13-2002).
Hèdi Thabet commence très jeune à l’École du cirque de Bruxelles comme jongleur prodigue et acrobate. Une maladie lui fait abandonner définitivement la jonglerie et l’acrobatie, et lui fait repenser sa place sur scène. Il monte un spectacle en 1997 au Théâtre national de Tunis (TNT) avec une promotion sortie de l’École du cirque de Bruxelles. S’ensuit une longue période de réflexion durant laquelle les questions scéniques ne l’ont jamais quitté, puis il réalise avec Mathurin Bolze le duo Ali en 2008 qui a été joué plus de 200 fois dans le monde.