Selon Boris Cyrulnik, « si on ne peut pas guérir de sa souffrance, on peut en faire quelque chose, à condition de pouvoir en faire un récit. » Surmonter un traumatisme serait redonner du sens à des évènements vécus. L’évènement s’impose et c’est à nous de reprendre contrôle en lui donnant notre propre sens. Les artistes et scientifiques présents travaillent à cette mise en récit d’un passé indicible. Ils nous raconte le processus de faire mémoire, faire ressentir pour faire comprendre.
Née à Beyrouth, Zeina Abirached vit et travaille à Paris. Elle partage son temps entre la bande-dessinée et l’illustration. Après [Beyrouth] Catharsis et 38 rue Youssef Semaani, son roman graphique Mourir partir revenir. Le jeu des hirondelles connait un large succès public et critique, (il est traduit en douze langues) suivi de près par Je me souviens Beyrouth ; Mouton et Agatha de Beyrouth (une collaboration avec Jacques Jouet, le poète oulipien [issu du groupe français de littérature L’Ouvroir de littérature potentielle ou Oulipo]). Les six ouvrages sont publiés chez Cambourakis. Elle est l’autrice du très remarqué Piano oriental (Casterman 2015) et du grand livre des petits bruits, un ouvrage pour la jeunesse dessiné pendant le confinement. Son dernier roman graphique, Prendre Refuge, est une collaboration avec l’écrivain Mathias Enard. Elle collabore régulièrement avec la presse et différents organismes en tant qu’illustratrice.
En 1942, alors qu’il grandit à Bordeaux, les parents de Boris Cyrulnik, juifs russo-polonais, sont arrêtés et déportés. Abandonné à l’Assistance publique, l’enfant est protégé par son institutrice. Échappant de peu à la déportation, suite à une rafle en janvier 1944, l’orphelin trouve refuge dans l’humour et la biologie. Passionné par la nature, la politique et l’homme d’une façon générale, Boris Cyrulnik devient pourtant maître-nageur. À quatorze ans, il découvre l’éthologie, en lisant un livre de l’entomologiste Jean-Henri Fabre. Dans les années soixante, ses études de médecine s’achevant, il se dirige vers l’éthologie, discipline alors très controversée. Redoutant la spécialisation, il se diversifie au maximum : éthologie, psychologie, neurologie, psychanalyse… Désireux de décoder la machine humaine, Boris Cyrulnik parcourt le monde à la recherche d’informations. Voyages, colloques, conférences, lectures, cours, l’homme est infatigable. Sa réputation en tant qu’éthologue est grandissante ; sa contribution à légitimer cette science est capitale. À partir des années 1980, Cyrulnik voue son existence à la vulgarisation de son savoir grâce à ses livres : Mémoire de singe et paroles d’homme, Les vilains petits canards… Il est notamment connu pour avoir développé le concept de « résilience ». Il est par ailleurs membre du comité de parrainage de la Coordination pour l’éducation à la non-violence et à la paix. Neuropsychiatre, professeur (directeur d’enseignement à l’Université de Toulon) et écrivain, Boris Cyrulnik mélange les genres, dans le but ultime de décoder l’être humain.
Après une formation de comédien au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, Frédéric R. Fisbach accompagne les premières années de l’aventure de la compagnie de Stanislas Nordey jusqu’au Théâtre Nanterre-Amandiers. Il crée sa première mise en scène en 1992 au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, Les Aventures d’Abou et Maïmouna dans la lune d’après Bernard-Marie Koltès. À la suite de ce spectacle, il fonde sa compagnie – l’Ensemble Atopique – et devient artiste associé de la Scène Nationale d’Aubusson. En 1994, il monte L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel, avant de s’intéresser à Maïakowski, Kafka, Racine, Corneille et à Strindberg avec L’Île des morts.
Lauréat de la villa Medicis hors-les-murs en 1999, il séjourne au Japon, découvre les arts traditionnels de la scène et rencontre l’auteur dramatique Oriza Hirata, dont il mettra en scène Tokyo Notes et Gens de Séoul. De 2000 à 2002, il est artiste associé au Quartz de Brest, il crée Les Paravents de Jean Genet avec la compagnie de marionnettistes traditionnels japonais Youkiza et Bérénice de Jean Racine avec le chorégraphe Bernardo Montet. Il est ensuite nommé directeur du Studio-Théâtre de Vitry en 2002 puis est codirecteur, avec Robert Canterella, du Centquatre de sa préfiguration à son ouverture, de 2006 à 2009. Il réalise un long-métrage en 2006 intitulé La Pluie des prunes, sélectionné à la Mostra de Venise 2007, qui reçoit le Prix du meilleur film au Festival Tous Écrans de Genève la même année. À partir de 2000, il met en scène la création d’opéras contemporains, mais aussi baroques : Forever Valley, suivi par Kyrielle du sentiment des choses, Agrippina, et Shadowtime.
En tant qu’acteur, il joue dans plus d’une vingtaine de spectacles avec notamment Stanislas Nordey, Jean Pierre Vincent ou encore Dieudonné Niangouna pour Shéda. Artiste associé du Festival d’Avignon en 2007, il propose à la Cour d’honneur une performance de trois jours et trois nuits où il convie le public à des conférences, ateliers de pratique théâtrale et à la représentation des Feuillets d’Hypnos de René Char pour sept acteurs et cent amateurs. Au Festival d’Avignon 2011, il présente Mademoiselle Julie d’August Strindberg avec Juliette Binoche, Bénédicte Cerutti, Nicolas Bouchaud et des groupes d’amateurs. Il commande au romancier Eric Reinhardt sa première pièce Élisabeth ou l’Equité, créée en novembre 2013 au Théâtre du Rond-Point.
En juin 2014, il fait l’ouverture du Festival de Spoleto avec trois monodrames musicaux de Berlioz, Poulenc et Schönberg. Depuis 2018, il a mis en scène et joué Et Dieu ne pesait pas lourd… de Dieudonné Niangouna créé à la MC 93 et Convulsions de Hakim Bah créé au Théâtre des Halles et repris à Théâtre Ouvert en 2019. En février 2022, Frédéric R. Fisbach créer la pièce Liberté, écrite par Yann Verburgh. Il s’agit d’une forme itinérante à destination du jeune public, qui fait l’objet d’une tournée au sein des lycées. Il propose à la rentrée 2022, une adaptation du roman Petit Pays de Gaël Faye.
Vincent de Gaulejac est professeur émérite à l’Université Paris-Cité, président du réseau international de sociologie clinique et auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont Les sources de la honte, Mon enfant se radicalise (avec Isabelle Seret), Dénouer les nœuds sociopsychiques et Mettre sa vie en jeux (avec René Badache).
Lauren Houda Hussein est une autrice et comédienne franco-libanaise. Elle se forme à Paris à l’école internationale de Théâtre Jacques Lecoq, ainsi qu’en suivant des stages dirigés par Ariane Mnouchkine. En 2009, elle cofonde le Théâtre Majâz avec le metteur en scène israélien Ido Shaked, avec qui elle conçoit les spectacles, entre écriture, mise en scène et jeu. Ensemble ils créent Croisades de Michel Azama, Les Optimistes, Eichmann à Jérusalem ou les hommes normaux ne savent pas que tout est possible et L’Incivile… En 2021, Lauren Houda Hussein entame l’écriture d’une trilogie intitulée Histoire subjective du Proche-Orient mais néanmoins valide…je pense. Les deux premiers épisodes de ce seule en scène, Beyrouth ou bon réveil à vous ! et Jérusalem, premiers pas sur la lune tournent depuis. Le troisième épisode verra le jour en 2023. En novembre 2022, le nouveau spectacle de du Théâtre Majâz, Le Sommeil d’Adam, sera créé à la Scène Nationale d’Aubusson et présenté à Châteauvallon du 16 au 17 novembre.